Zones sensibles
Prix éditeur : 10,00 €
Collection : QUIDAM
Éditeur : QUIDAM
EAN : 9782915018134
Parution : 21 janvier 2006
Pagination : 90 p.
Poids : 140 g.
Coup de cœur
Thalassothérapie, abandon, mutation. Un étrange et magnifique premier roman.
Publié en 2006 chez Quidam Editeur, le premier roman de Romain Verger impressionne d'emblée.
Professeur dans un collège de banlieue, le narrateur est à bout de souffle, broyé entre des voyages pendulaires quotidiens (dont la description prend d'emblée des accents gracquiens de route des Syrtes), des heures de cours toujours plus épuisantes et toujours moins gratifiantes, un stress et un mal de dos de plus en plus tenaces et de plus en plus éprouvants. Après une opération chirurgicale, le narrateur entame sa convalescence dans un étrange centre de thalassothérapie...
Sur ces prémisses relatiement ténues, Romain Verger, d'une écriture à la fois précise et poétique, bâtit un conte onirique surprenant et extrêmement attachant, qui rappelle à sa manière que si l'être humain surgit il y a bien longtemps de la mer, il peut - il doit ? - y retourner. Si les échos paradoxaux d'un Robert Merle, d'un David Brin ou d'un Hugo Verlomme ne sont pas si éloignés, comme souvent lorsqu'il y a communion - fût-elle glacée - entre la mer et une intelligence, c'est aussi par un fantastique aussi discret que profondément inquiétant que nous frappe Romain Verger, et il nous frappe d'autant plus fort, avec son sourire dissimulé, que l'on a été témoin, dans la "vraie vie", de la suprême passivité qui caractérise le "patient", une fois qu'il a remis son sort aux mains des autorités médicales (des autorités tout court, sans doute), et plus encore, de la curieuse allure de carnaval des zombies que prend aisément la scène hôtelière d'une thalassothérapie... A moins bien entendu que tout ne soit que bouffées de rêve ou d'imagination narrative issues du cerveau surchauffé d'un écrivain hypocondriaque... Comment savoir ?
Une bien belle réussite qui donne nettement envie de découvrir les autres romans de l'auteur.
Pour aller là-bas, il fallait se lever à l'aube. Le train s'ébrouait sur le quai et m'emportait dans la nuit. J'allais aux confins de la banlieue. Deux mois plus tôt, c'est vers la ville qu'il m'emportait en flot. Je me souviens de ces quais comme d'embarcadères. Et maintenant, j'avance à contre-courant, dans la résistance, loin de la houle urbaine. Il faut s'y mettre à deux pour écarter les portes, choisir sa place, à l'étage pour surplomber le paysage pétrifié de l'aurore, ou dans le soubassement, et sentir l'épaisseur de la terre et les quais défiler comme des couteaux à hauteur de gorge. On suit la Seine sans jamais déboucher sur la mer. Roulant, j'imagine pourtant des bouts de fleuves digérés par la mer, des limons salivant aux approches du sel, dans l'euphorie d'un imminent engloutissement. Après tout, c'est peut-être la mer, ce long et maigre fil d'eau stagnant que déroule mon train dans l'été automnal, arrachant comme une croûte le paysage bordé de petits pavillons comateux, derrière la vitre girffée au cutter.
Coup de cœur
Coup de cœur
Coup de cœur
Quatrième de couverture
Brutalement immergé dans une situation violente et déroutante, harcelé par un corps au bord de la rupture, un jeune homme d'une trentaine d'années, est peu à peu assailli par d'étranges rêves de mer et rattrapé par son enfance. Un jour, le docteur Moore lui promet sa réinvention. C'est le prélude à l'expérimentation d'une nouvelle réalité, celle de ses fantasmes. Voyage intérieur et organique, chronique d'une folie et quête poétique, ce roman est un livre obsessionnel. On y suit le cheminement d'une conscience jusqu'aux confins du temps et de la mémoire humaine, au point de perturbation des fluides. Par sa construction insolite, sa narration complexe et sa langue poétique, Zones sensibles est un roman inclassable et qui échappe.