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Lanark

de Alasdair GRAY

Lanark

Prix éditeur : 23,00 €

Collection : Bibliothèque écossaise

Éditeur : MÉTAILIÉ

EAN : 9782864243533

Parution : 12 août 2000

Pagination : 650 p.

Poids : 668 g.

Coup de cœur

L'extraordinaire double récit de l'effondrement d'un homme et d'une civilisation par incapacité à aimer.

Publié en 1981 (et en 2000 en français chez Métailié), le premier roman d'Alasdair Gray est de ces œuvres "coups de tonnerre" qui marquent l'histoire de la littérature. Mosaïque complexe, mêlant des registres narratifs extrêmement différents, et pourtant gardant toute sa lisibilité, Lanark se compose de quatre livres, présentés dans l'ordre 3-1-2-4, d'un interlude et d'un épilogue (situé... 65 pages AVANT la fin).

Le livre 3, récit aux confins du fantastique et de l'onirique, a pour protagoniste Lanark, amnésique se découvrant soudain dans la ville d'Unthank, sombre et désenchanté démarquage du Glasgow des années 70, dont les habitants, pourtant soutenus par un welfare state absurde par moments et sans doute déjà presque exténué, développent d'étranges maladies métaphoriques, qui les tuent pourtant tout à fait réellement. Affligé de la "peau de dragon" (dans laquelle le malade se recouvre progressivement d'une carapace jusqu'à mourir à l'intérieur de celle-ci, coupé du monde), Lanark parvient à atteindre l'Institut, gigantesque hôpital en charge du traitement de ces affections, avec un faible taux de succès il est vrai. Sauvé malgré tout, un "oracle", financier repenti, tente alors de lui rendre le récit de son passé...

Lanark n'arrivait pas à dormir. Allongé à la limite de l'éclat lumineux qui entourait l'homme malade, il tourna le dos à la tête osseuse et fit fonctionner la radio sous l'oreiller. Munro avait dit que son institut manquait de personnel, mais celui-ci semblait très nombreux. En dix minutes, Lanark entendit appeler quarante médecins différents, sur un ton indiquant l'urgence, pour leur demander de se rendre dans des lieux et d'exécuter des tâches qu'il était absolument incapable de se représenter. L'une d'elles disait : "Le Dr Gibson est prié de se rendre au cloaque. Il y a résistance sur le bord nord." Une autre disait : "La chambre R-60 demande un ostéopathe. Cas de gazouillis. Que tout ostéopathe libre se rende immédiatement à la chambre de détérioration R-60." Lanark fut fortement décontenancé par un appel qui disait : "Ceci est un avertissement aux ingénieurs de la part du Professeur Ozenfant. Une salamandre explosera en chambre 11 à approximativement 15 h 15." Il finit par éteindre la clameur et tomber dans un demi-sommeil agité.

Les livres 1 et 2 composent le récit de l'oracle, racontant la vie du jeune Duncan Thaw (qui POURRAIT donc être Lanark - sans qu'il y ait certitude) sous la forme d'un "classique" et passionnant roman d'apprentissage, dans lequel l'enfant écossais de la Seconde Guerre Mondiale tente de devenir un artiste reconnu, avant d'échouer plutôt misérablement.

Le livre 4, récit fantasmagorique du retour de Lanark, de l'Institut à Unthank, le voit tenter désespérément d'atteindre une sorte de bonheur personnel tout en sauvant la ville d'Unthank du sombre destin qui lui semble promis, alors que désormais la "créature" (le capitalisme libéral débridé) se déchaîne partout...

Soixante-cinq pages avant la fin, donc, l'extraordinaire épilogue voit la rencontre de Lanark avec son auteur, qui lui expliquera à la fois certains tenants et aboutissants de son histoire, tout en indiquant avec précision ses sources, ses emprunts, ses plagiats et ses "non-plagiats", pour un moment vertigineux de technique littéraire, renvoyant d'ailleurs explicitement au Kurt Vonnegut du Breakfast du champion...

- Je croyais que les épilogues venaient après la fin.
- En général, mais le mien est trop important. Même s'il n'est pas essentiel à l'intrigue, il procure une distraction comique à un moment où la narration en a douloureusement besoin. Et il me permet de faire passer de bons sentiments que je pourrais difficilement confier à un simple personnage. Et il contient des notes critiques qui épargneront aux chercheurs universitaires des années de labeur.


Résonnant puissamment de Kafka, de Cortazar, de Joyce, de Vonnegut, ou encore de Mervyn Peake et de William Blake, influence majeure reconnue par Iain Banks, cette œuvre essentielle d'un romancier qui est aussi un grand artiste plasticien nous confie avec magie le double récit et le feu d'artifice métaphorique de l'effondrement d'un homme et d'une civilisation par incapacité profonde à aimer.

Coup de cœur

Le choix de Charybde 1 : du rire et des larmes

Le septième jour de Yu Hua : une errance de sept jours dans les limbes pour un homme fraîchement décédé ; sept jours de drames, d'une tristesse touchante et d'humour noir.

La révolte des cafards d'Oscar Zeta Acosta : l'engagement progressif et tumultueux de Buffalo Brown aux côtés des mouvements chicanos des années 60. Dans la lignée d'un Hunter Thompson, foutraque, déjanté, méchant.

 

Le choix de Charybde 2 : poin-tu !

Icecolor d'Emmanuel Ruben : un texte décisif, puissant et beau, une lecture indispensable pour qui aime l’esthétique politique servie par une écriture exceptionnelle.

Tout passe de Gabriel Josipovici : soixante pages de grandeur pudique, la belle et terrible solitude de l'intellectuel.

 

Le choix de Charybde 3 : voyager loin

L'affaire des vivants de Christian Chavassieux : un très bel hommage au roman du 19e siècle, superbement écrit, et avec des personnages attachants. Un vrai bon roman populaire, dans le sens noble du terme.

Eloge des voyages insensés de Vassili Golovanov : une splendide quête intérieure, sur fond de paysages à tomber par terre. Un récit de voyage extraordinaire et extrêmement émouvant.

 

Le choix de Charybde 4 : futur et morts-vivants

L'éducation de Stony Mayhall de Daryl Gregory : du zombie comme jamais vous n'en avez lu, un roman subtil, nuancé, émouvant. Qui l'eût crû ?

La fille flûte de Paolo Bacigalupi : de l'excellente science-fiction prospective !

 

Le choix de Charybde 7 : humour et émotion

L’ours est un écrivain comme les autres de William Kotzwinkle : une satire du milieu littéraire, des relations publiques et de la publicité, qui tourne en dérision de manière hilarante les obsessions narcissiques, de l’argent et de la célébrité de l’Amérique contemporaine.

Lanark d'Alasdair Gray : un livre qui se voit autant qu'il se lit, une tour de Babel de styles et d'émotions, un livre alternativement passionnant, désespérant, déroutant et fascinant.

 

Et Charybde au complet vous rappelle que les chefs d’œuvre font toujours plaisir, comme Victus d'Albert Sanchez PinolConfiteor de Jaume CabreManituana de Wu Ming ou encore Les soldats de la mer d'Yves et Ada Rémy.

Quatrième de couverture

Lanark est amnésique, il erre dans un monde en pleine décomposition et ne s'intéresse qu'à la lumière ; désespéré, il se suicide et reprend pied dans un univers de science-fiction où il devient thérapeute de dragons, retrouve une femme qu'il aime et découvre sa véritable identité. Lanark est un jeune peintre du Glasgow des années 60-70 obsédé par son travail. Au cours d'aventures étranges, il se trouve confronté à son créateur : l'écrivain... et négocie avec lui son destin.

Passant de la science-fiction au récit réaliste avec un humour voisin de celui de Beckett ou de F. O'Brien, Alasdair Gray montre qu'on peut en littérature avoir des buts on ne peut plus sérieux et être drôle ; écrire une œuvre déroutante tout en tenant le lecteur en haleine de bout en bout.

« Lanark, fondement et sommet de la littérature écossaise. » Claire Devarrieux, Libération

« Un livre à nul autre pareil, un extravagant chef-d'œuvre. Un roman inclassable d'une puissance et d'une invention prodigieuse. » Michel Abescat, Télérama

« Un immense jeu interactif. » Tiphaine Samoyault, Les Inrockuptibles

Alasdair GRAY est né en 1934, peintre décorateur de théâtre, professeur aux Beaux-Arts, il écrit Lanark en 1981 puis, entre autres, Pauvres créatures et Anthology of Prefaces. Il forme « L'École de Glasgow » avec James Kelman, Tom Leonard et Irvine Welsh.

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