Killing Kate Knight
Prix éditeur : 22,90 €
Collection : CALMANN-LÉVY
Éditeur : CALMANN-LÉVY
EAN : 9782702141991
Parution : 24 février 2011
Pagination : 528 p.
Façonnage : broché
Poids : 644 g.
Coup de cœur
Killing Kate Knight (que l’on peut entre nous appeler de son vrai nom, n’en déplaise aux juristes de l’éditeur : Killing Keira Knightley) constitue un défi superbement réussi. J’ai rarement lu, en 500 pages, un tel déchainement stylistique (on connaissait certes les capacités de superbes saillies d’Arkady Knight, l’une des plumes critiques les plus acérées de feu Le Cafard Cosmique), associé à une intrigue vertigineuse (plusieurs fois, on frôle la perte totale de repères, mais non, le rétablissement survient toujours à temps – brio !), et à une réflexion passionnante sur, notamment, le SENS du cinéma dans notre société.
Goûter tout le sel du roman suppose sans doute (mais ce n’est PAS indispensable) une solide culture du cinéma « moderne » (la filmographie de Keira Knightley sera un plus évident !) – et un certain goût pour les « action flicks » (néanmoins très solidement campés ici par la seule magie du verbe !), qui servent de toile de fond au roman proprement dit. Histoire d'enlèvement, de psychose, de combats, d'arnaques, de victimes et d'uniformisation du monde : Killing Kate Knight est tout cela.
Et ce final, ah, ce final ! « Je ne m’en sens pas la force, mais pas à pas, j’entame une lente danse – les lueurs de l’aube qui baignent mon corps nu, les ailes du vent qui soulèvent mes membres endoloris et la neige qui les précède – et je continue de danser, malgré la faim, la soif, la souffrance, pleine de rage et de souvenirs, je danse, luttant pour que l’écho de ma présence ne s’efface pas à son tour de la mémoire de ce monde, je continue de danser pout toutes les K-girls de tous les mondes. »
Pour un premier roman, l’auteur déploie un impressionnant métier. C’est par le jeu matois de ses narrateurs entremêlés et de ses incises obliques qu’il parvient à un double tour de force : discourir beaucoup, au milieu des voix et des monologues intérieurs, sans jamais pontifier – et dégager une authentique tendresse complice, au milieu des mitraillades, des éventrements et des enlèvements.
Et si P.K. Dick était encore parmi nous, il saurait : Keira Knightley EST un Palmer Eldritch bienveillant, même si c’est largement malgré elle. Et d’ailleurs : « N’oublie pas : you are what you read, you are what you watch. »
[ ... et Charybde 1 approuve. ]
Quatrième de couverture
Une jeune femme se réveille menottée à un lit, détenue par un étrange maniaque dont l’objectif final est de tuer Keira Knightley – pour son bien.
Or, Keira Knightley, c’est elle... Lara, une tueuse professionnelle œuvrant en secret pour le gouvernement, est sur la piste d’une mystérieuse organisation. Mais pourquoi tout le monde s’échine-t-il à l’appeler Keira ? Keira va finir par douter de son identité, Lara par se rendre compte qu’elle n’est peut-être qu’un personnage de fiction dans un mauvais film d’action. Mais pourquoi faut-il tuer Keira Knightley ? « Killing Keira Knightley est un roman sur le cinéma.
Plus précisément sur l’état actuel du cinéma.? Je considère (et je ne pense pas être le seul) que le cinéma actuel est en pleine déchéance culturelle. Si ce phénomène dégressif n’est pas nécessairement nouveau, il s’accélère, bien aidé par l’uniformisation généralisée de la société, et a atteint depuis une bonne dizaine d’années son point de non-retour.? L’idée première de Killing Keira Knigthley est, partant de cet état de fait négatif, de réfléchir sur cette déchéance, ses origines, ses conséquences (notamment sur la création intellectuelle), et surtout de se poser la question du “Et maintenant ?” « À ce premier axe de réflexion se lie un deuxième qui concerne la « fan attitude ».
KKK s’intéresse aux fans de cinéma, aux fans d’un acteur ou d’une actrice, et plus largement à tous ceux qui vivent au travers d’une passion.? Ces deux thématiques sont complétées par d’autres, plus personnelles, que je laisse le soin au lecteur de découvrir... » A.K.