Qui n’a rêvé de partir, pour un an ou pour plusieurs, au bout du monde avec ses enfants ? Pourtant, il y a loin entre la lecture des romans scolaires de découverte comme Le Tour de la France par deux enfants ou Deux ans de vacances et la décision familiale de rompre ses attaches pour partir à la découverte. Si l’on convient que les voyages forment la jeunesse, pourquoi l’entourage – proches et amis – est-il souvent dissuasif envers ce type de projet, n’en envisageant que les risques et pas les bonheurs ? Pourquoi l’école républicaine paraît-elle toujours plus rassurante que l’école buissonnière ? L’écueil du voyage en famille, s’il en est un, réside en fait plus dans l’association des enfants au projet, car l’âge aidant, ils risquent de souffrir de l’absence de repères et d’amitiés stables, tandis que leurs parents s’accrochent à leur rêve intérieur. Mais renouer ensemble, dans un dénuement choisi plutôt que subi, avec le rythme des saisons, les fleurs du bord des chemins, les gestes de la vie rurale, les ciels étoilés, connaître dans la rencontre et les situations de fortune la complicité des générations et trouver dans le vaste théâtre de la nature et du monde une constante matière à enseignement sont les joies et les défis qui transforment définitivement, par la magie d’une expérience fondatrice et inoubliable, une somme d’individualités en famille soudée pour toujours, et préparent les enfants à se jeter dans la grande aventure de la vie.