Les Chants furieux de Guillaume du Vintrais
Prix éditeur : 15,00 €
Collection : Lettres d'ailleurs
Éditeur : GINKGO
EAN : 9782846795227
Parution : 1 décembre 2022
Pagination : 156 p.
Façonnage : carré/collé
Poids : 200 g.
Quatrième de couverture
L’origine de cette œuvre poétique est des plus singulières.
Iakov Kharon et Iouri Weinert, tous les deux arrêtés en 1937 et condamnés à 10 ans de camps pour activité contre-révolutionnaire, se retrouvent dans un camp du Goulag. Les deux détenus travaillent dans un atelier du camp, se lient d’amitié et s’amusent à composer des sonnets stylisés pour le compte d’un poète français du XVIe siècle qu’ils baptisent Guillaume du Vintrais (l’anagramme du nom de famille de Weinert) et qu’ils dotent d’une biographie lacunaire.
« Né en 1553, le gentilhomme gascon, duelliste et coureur de jupons, poète de la cour, ami (et rival) d’Agrippa d’Aubigny, compose des poésies contre le massacre de la Saint-Barthélemy ce qui le conduit à la Bastille et à être condamné à la peine de mort, peine commuée en exil en Angleterre. De retour en France, il rejoint Henri IV pour se battre à ses côtés. Il meurt en 1602 ».
En 1947, leur peine purgée, les amis quittent camp avec 4 exemplaires du livre de Vintrais, fabriqués à la main, comprenant 40 sonnets, une préface et un portrait de l’auteur (photo du même Weinert avec une moustache et une barbe en pointe rajoutées au crayon).
La nouvelle arrestation des deux « traducteurs » en 1948 et leur condamnation à l’exil perpétuel compliquent considérablement le travail: ils composent les sonnets séparément et en discutent par correspondance. En fin de compte ils parviennent à un corpus de cent sonnets qui ne seront publiés qu’après leur mort, en 1989.
Ces sonnets écrits en russes, il y a 80 ans, de forme stricte mais très élégante, frappent par la richesse de leurs métaphores et par la force inouïe de leurs images. C’est un concentré d’esprit de liberté et de dignité humaine.
Le traducteur Paul Lequesne « reconstitue » le texte français que les deux « traducteurs » russes auraient pu avoir à traduire. Faisant preuve d’une grande inventivité, d’une rare élégance et d’extrême justesse, il (re)crée une importante œuvre poétique du passé et rend à la littérature française un de ses poètes les plus injustement oubliés.