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Le retoucheur

de Dmitri STAKHOV

Le retoucheur

Prix éditeur : 20,30 €

Collection : Actes Noirs

Éditeur : ACTES SUD

EAN : 9782742797158

Parution : 4 mai 2011

Pagination : 290 p.

Poids : 313 g.

Quatrième de couverture

L’intrigue imaginée par Dmitri Stakhov s’appuie sur une hypothèse qui inverse cause et conséquence : les personnages politiques qui disparaissent des photos officielles au gré des purges successives au sein de l’appareil du Parti seraient en réalité les victimes du scalpel du retoucheur chargé du travail.

Le fait même d’effacer leur silhouette des négatifs (le support du négatif est un élément important de la narration, car il constitue le mode opératoire utilisé à l’époque de l’urss comme à l’époque contemporaine) entraîne à court terme leur disparition effective ! Le narrateur, un jeune photographe, en réalité assez antipathique, découvre par hasard qu’il a hérité de son père, ancien membre du KGB et retoucheur officiel, ce singulier et fatal don d’escamotage.

De mystérieux agents ont résolu d’utiliser ses compétences pour éliminer un opposant politique gênant. Pour ce faire, ils placent sur son chemin une jeune femme, parfait sosie de son amour de jeunesse, morte accidentellement au cours d’une rixe. D’autres encore le recherchent pour régler leurs comptes avec d’anciens associés. L’ensemble du récit s’articule autour de ces deux éléments : la mort accidentelle de la jeune fille, assassinée par maladresse par le narrateur lui-même, et la découverte progressive du complot et de la manipulation dont il fait l’objet en accomplissant des meurtres de sang-froid, en réalité commandités.

La narration tout entière est placée sous le signe de la confusion. Confusion mentale d’abord, due aux excès d’alcool, à la fatigue, aux événements étranges et tragiques qui se succèdent. Confusion chronologique ensuite, la plupart des épisodes clefs étant rapportés à l’avance, à la manière de projections imaginaires auxquelles le héros s’appliquerait ensuite à donner réalité. Au flash-back initial, très banal dans une histoire policière, succède ainsi une série de “flash-forward” assez déstabilisants pour le lecteur, et qui entretiennent un suspense singulier.

La tension est encore renforcée par le fait que le narrateur pose sur le monde un oeil de photographe : ce qu’il voit est décrit comme une succession d’instantanés, de plans plus ou moins larges, plus ou moins rapprochés, et forcément parcellaires. Le lecteur est ainsi plongé dans un monde morcelé qui le tient en alerte permanente. A cette narration résolument originale qui fonctionne comme un jeu de poupées russes, s’ajoutent tous les ingrédients récurrents du polar russe contemporain, nourri de l’actualité brûlante et qui ont récemment fait l’objet de révélations par Wikileaks : la corruption jusqu’aux plus hauts échelons du pouvoir, le trésor disparu du Parti communiste, les gangsters et les règlements de compte sanglants, un personnage féminin à la fois victime et bourreau, le tout faisant du Retoucheur un thriller au suspense haletant qui transcende magistralement les limites du genre.

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