Les évadés de Curie
Prix éditeur : 12,00 €
Collection : Méandre Jeunesse
Éditeur : PÉTRA
EAN : 9782847430615
Parution : 1 décembre 2012
Pagination : 76 p.
Façonnage : broché
Quatrième de couverture
Préface d'Hélène Elisabeth
Postface des Dr Daniel Orbach et Marie-Odile Serinet : "Qu'est-ce qu'un cancer, docteur?"
Hélène Élisabeth est la maman d'Ewen. Dans une vie antérieure, elle était juriste. Elle a habité dans divers pays (Australie, Kirghizstan, Azerbaïdjan, Zambie, États-Unis) et aime marcher, faire du vélo, écrire (Journal d'une jeune fille irlandaise, Pétra, 2008 et Mwendabaï - avec des élèves de l'école française de Lusaka - Zambie -, Pétra, août 2011).
http://helene-elisabeth.com
Ewen a un secret que nul ne connaît. Il sort la nuit se promener dans les rues de Paris.
Ewen ne vit ps chez lui mais à l'Institut Curie, car il a un cancer et ce n'est pas drôle tous les jours. Lorsque Benjamin est hospitalisé à son tour et partage sa chambre, Ewen décide de lui révéler son secret. Ensemble ils s'évadent chaque soir pour des aventures à l'insu de tous. Sauf du terrible Alcibiade qui voit d'un mauvais oeil ces deux enfants empiéter sur son territoire.
EXTRAIT :
Le secret
Je m’appelle Ewen et j’ai 8 ans et demi. J’aime bien jouer au foot mais ça fait longtemps que je n’ai pas couru après un ballon. Normalement je suis toujours de bonne humeur mais en ce moment je suis souvent triste et parfois j’ai peur.
J’ai des yeux noisette avec du vert et mes cheveux sont châtain foncé, souples, presque bouclés. Ils étaient bouclés. Là je suis tout chauve parce que j’ai un cancer.
Avant, j’étais un garçon comme les autres et un jour (un mercredi, 16 mars à 14 heures 45 minutes et 33 secondes) alors que je trottinais sur la pelouse de mon école, CRAC, l’os de ma jambe s’est cassé. Comme on ne pouvait pas me soigner à l’hôpital de Lusaka (en Zambie, là où j’habitais depuis deux ans), un avion sanitaire est venu me chercher pour m’emmener en Afrique du Sud. L’avion était chouette, l’arrivée en ambulance avec la sirène aussi. Mais quand deux mois plus tard on m’a annoncé que c’était un cancer, ce n’était plus drôle du tout.
C’est comme ça que je suis arrivé en France pour me faire soigner à l’Institut Curie. Le premier jour à l’hôpital, le Dr Legrand m’a tout expliqué, comme à un grand. Je l’aime bien parce qu’il a de l’humour et qu’il m’explique tout ce qu’il faut savoir sur la maladie et le traitement. Je n’aime pas les gens qui me parlent comme si j’étais un bébé.
Aujourd’hui c’est vendredi, c’est le premier jour de ma 26e cure de chimio à Curie. Dans l’ascenseur, j’appuie sur le 5 « Pédiatrie » et je ne pense qu’à une seule chose : tourner les talons (dans mon cas ce serait plutôt tourner les roues car je suis en fauteuil roulant). Mais ce matin, c’est différent car la semaine dernière je me suis fait un ami.
Il est nouveau dans le service (il a encore ses cheveux). Il y a des nouveaux tous les jours dans le service. Des grands, des petits, des filles, des garçons et même des bébés. Benjamin est spécial, il a mon âge, il aime le foot, la géographie, les échecs et le cricket, comme moi. Alors je sens qu’on va s’amuser tous les deux, surtout que nous sommes dans la même chambre.
La semaine dernière je ne lui ai rien dit, mais aujourd’hui je vais lui révéler mon secret. Un grand secret que je n’ai dit à personne. Je n’ai pas marché depuis que je me suis cassé la jambe, il y a huit mois. Ce n’est pas vraiment moi qui me suis cassé la jambe, c’est mon cancer. Je me déplace en fauteuil roulant mais maintenant je fais de la rééducation et j’apprends à marcher à nouveau. J’ai une jambe toute neuve à l’intérieur. Une prothèse de hanche, un fémur en titane et un genou artificiel. Officiellement je ne me déplace qu’en fauteuil roulant. Mon secret, le voici : je m’entraîne à marcher tout seul, le soir dans ma chambre quand tout le monde dort. Personne ne le sait, je ne le dis surtout pas à Faustine et Valérie (mes kinés), ça me permet d’avoir un plus gros secret encore : la nuit, je m’évade de l’hôpital. Mais tout seul ce n’est pas drôle, c’est pour ça que je suis content d’avoir rencontré Benjamin. J’espère que ce n’est pas une poule mouillée.