Dans la cage

Quatrième de couverture

Prisonniers des demus

Barton n'avait pas l'intention de devenir fou. Il était peut-être déjà un peu fou, mais il n'avait nullement l'intention de cultiver cette tendance. Il n'y avait rien à décourvir dans cette pièce désespérément vide, mais il ne s'avoua pas vaincu pour autant. Avec cette lumière et ces repas irréguliers, il était impossible de savoir l'heure. Il essaya d'abord de compter les pulsations de son pouls. Il essaya ensuite de faire une croix sur le mur ou par terre chaque fois qu'il se réveillait, mais sans plus de succès. Il décida alors de se taillader la peau pour tenir le compte de ses périodes de veille. Il savait parfaitement qu'à partir de ce moment-là sa santé mentale était déja compromise. Il essaya de s'enfoncer les ongles dans la chair, mais il devait bientôt se rendre compte que sa peau cicatrisait plus vite que jamais. Il se surprit au milieu de sa rêverie à jouer avec ses favoris et soudain il comprit qu'il avait là un moyen très simple de calculer le temps. Il s'arracha alors un poil de barbe : d'après sa longueur, il était là depuis quatre mois environ. Il essayait de se rappeler ; allongé sur le sol gris, puis, pour la première fois de sa nouvelle vie, il commença à se masturber, doucement, voluptueusement, et ce fut l'orgasme. S'étant aperçu que Barton avait découvert une source de plaisir dans ce genre d'occupation, la pièce coupa court à tout cela. Pour la première fois, alors, il songea au suicide.

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