Moi, Jean Gabin
Prix éditeur : 17,00 €
Collection : ATTILA
Éditeur : ATTILA
EAN : 9782917084502
Parution : 30 août 2012
Pagination : 160 p.
Façonnage : broché
Poids : 222 g.
Coup de cœur
Un petit morceau d'enfance, d'énergie vive et brute, où chaque interaction familiale est prétexte à une leçon de liberté, où dans les rumeurs luisent des reflets de contes, où les films de Gabin constituent un modèle absolu.
La petite Goliarda a un idéal, il s'appelle Jean Gabin. Il l'accompagne en permanence, guide ses choix, la soutient dans sa fierté farouche, ses réparties vives. Goliarda déambule dans la casba sicilienne interpellée par les uns ou les autres, en quête d'argent pour réparer une dette d'honneur.
Goliarda Sapienza est issue d'une famille anti-fasciste de la Sicile des années vingt, en butte au pouvoir et à la mafia. Famille atypique, recomposée, appartenant aux grandes causes avant tout. Elevée principalement par des grands frères qui lui font lire Diderot ou Voltaire, Goliarda côtoie également des repris de justice, engagés comme domestiques par son père.
Mais ce contexte étonnant, qu'on devine violent par moments, n'apparaît qu'en filigrane, gommé par la focalisation de Goliarda sur les détails propres à l'enfance : les films de Gabin, les rues de la casba de lave et la figure mystérieuse de son Architecte, ou encore le don d'un marionnettiste...
Emporté par le point de vue d'une fillette exaltée, en butte à des personnages improbables (et pourtant probablement réels, comme Zoé, cette nonne du crime, qui porte un couteau entre ses seins) le lecteur n'a pas le choix, il doit y croire et danser avec elle sur le fil de la vérité et des rêves enfantins.
Si le récit ne s'étend que sur quelques jours, Goliarda Sapienza prend son temps, digresse, explique, reprend, en un va-et-vient narratif un peu foutraque et adorable.
Le lecteur en sort remué par l'énergie incroyable de cette petite fille, habité par ses grands mots, et un peu amoureux de Gabin. Au fonds.
« Mais quante est-ce qu'y dorment chez toi, jamais ? »
« Les gens actifs, plein de vie, sveltes et vifs, bref en un mot, antifascistes, dorment peu et ne s'ennuient jamais. »
Avec cette réponse je laissais bouche bée petits et grands conformistes de l'immeuble de la via Pistone et si quelqu'un de plus hardi osait répliquer, alors la lame de ma canne-épée verbale sortait de son fourreau de bois pour un coup de griffe :
« Nous ne vivons pas d'une rente bourgeoise, nous ! et nous ne permettons pas que le Duce ou un saint quelconque s'occupe de nous. Essaie de vivre libre, toi, et tu verras le temps qu'il te reste pour dormir. »
Coup de cœur
Ces quelques mots pour vous rappeler que notre sélection de beaux livres, pour vous ou pour offrir, arrive en ce moment chez Charybde, et que nous vous les présenterons le dimanche 16 décembre à partir de 11 h 00, avec café, thé, rafraîchissements et grignoteries jusqu’à 18 h 30 exceptionnellement.
Nous avons aussi sélectionné un certain nombre de livres, parmi ceux qui vous ont beaucoup plu cette année, que nous jugeons « idéaux pour offrir » :
Ihsan Oktay ANAR, Atlas des continents brumeux (par Charybde 1)
Tatiana ARFEL, L’attente du soir (par Charybde 1)
Patrick CHAMOISEAU, L’empreinte à Crusoé (par Charybde 2)
COLLECTIF, Haïti noir (par Charybde 3)
COLLECTIF, Last and lost – Atlas d’une Europe fantôme (par Charybde 4)
Patrick DEWITT, Les frères Sisters (par Charybde 1)
Jérôme FERRARI, Le sermon sur la chute de Rome (par Charybde 3)
Mathieu LARNAUDIE, Acharnement (par Charybde 2)
Elsa OSORIO, La Capitana (par Charybde 3)
Laurent RIVELAYGUE, Le Von Mopp Illustré : « Un dictionnaire aussi instructif que bête et méchant » (Charybde 4)
Goliarda SAPIENZA, Moi, Jean Gabin (par Charybde 1)
Jeff VANDERMEER, La cité des saints et des fous : « Une ville cruelle racontée par une plume inventive. Un grand livre de fantasy moderne. (Charybde 4)
WU MING, Manituana (par Charybde 2)
Enfin, nous en profitons pour vous signaler que nous serons OUVERTS les dimanches 23 et 30 décembre aux horaires habituels du dimanche (11 h 00 – 17 h 00), OUVERTS exceptionnellement le lundi 24 décembre de 12 h 00 à 18 h 00, et FERMÉS exceptionnellement le mercredi 26 décembre.
Bonnes fêtes à toutes et à tous !
Quatrième de couverture
La ville de Catane, en Sicile, au début des années 30. Le fascisme se déploie sur l’île, quand une enfant ressort exaltée d’une salle de cinéma de quartier. Elle a la démarche chaloupée, une cigarette imaginaire au bec et l’oeil terrible. Elle vient de voir le film Pépé le Moko et, emportée par cette incarnation du désir et de l’insoumission, elle n’a désormais plus qu’une idée en tête : être Jean Gabin. Écrit par l’auteur de L’Art de la joie dans les dernières années de sa vie, à un moment où son oeuvre demeurait méconnue, Moi, Jean Gabin est un étrange roman autobiographique, l’histoire magnifiée d’une enfance dans la Sicile de l’entre-deux-guerres. Pouvant être lu comme un testament philosophique, ce livre des origines se révèle être un des plus beaux textes de Goliarda Sapienza, un éloge à la liberté et aux rêves qui ont précocement nourri sa vie.