Souvenirs de voyage
Prix éditeur : 15,00 €
Collection : Coups de crayon
Éditeur : MAGELLAN & CIE
EAN : 9782350743547
Parution : 1 novembre 2015
Pagination : 64 p.
Façonnage : relié
Quatrième de couverture
"Je t’ai raconté bien des fois un rêve que je fais souvent, et qui m’a toujours laissé, après le réveil, une impression de bonheur et de mélancolie. Au commencement de ce rêve, je me vois assis sur une rive déserte, et une barque, pleine d’amis qui chantent des airs délicieux, vient à moi sur le fleuve rapide. Ils m’appellent, ils me tendent les bras, et je m’élance avec eux dans la barque. Ils me disent : « Nous allons à… (ils nomment un pays inconnu), hâtons-nous d’arriver. » On laisse les instruments, on interrompt les chants. Chacun prend la rame. Nous abordons… à quelle rive enchantée ? Il me serait impossible de le décrire ; mais je l’ai vue vingt fois, je la connais : elle doit exister quelque part sur la terre ou dans quelqu’une de ces planètes dont tu aimes à contempler la pâle lumière dans les bois au coucher de la lune. Je fermai les yeux au pied d’une roche, et mon esprit se mit à divaguer. En un quart d’heure je fis le tour du monde ; et quand je sortis de ce demi-sommeil fébrile, je m’imaginais que j’étais en Amérique, dans une de ces éternelles solitudes que l’homme n’a pu conquérir encore sur la nature sauvage. Tu ne saurais te figurer combien cette illusion s’empara de moi : je m’attendais presque à voir le boa dérouler ses anneaux sur les ronces desséchées, et le bruit du vent me semblait la voix des panthères errantes parmi les rochers."Je t’ai raconté bien des fois un rêve que je fais souvent, et qui m’a toujours laissé, après le réveil, une impression de bonheur et de mélancolie. Au commencement de ce rêve, je me vois assis sur une rive déserte, et une barque, pleine d’amis qui chantent des airs délicieux, vient à moi sur le fleuve rapide. Ils m’appellent, ils me tendent les bras, et je m’élance avec eux dans la barque. Ils me disent : « Nous allons à… (ils nomment un pays inconnu), hâtons-nous d’arriver. » On laisse les instruments, on interrompt les chants. Chacun prend la rame. Nous abordons… à quelle rive enchantée ? Il me serait impossible de le décrire ; mais je l’ai vue vingt fois, je la connais : elle doit exister quelque part sur la terre ou dans quelqu’une de ces planètes dont tu aimes à contempler la pâle lumière dans les bois au coucher de la lune. Je fermai les yeux au pied d’une roche, et mon esprit se mit à divaguer. En un quart d’heure je fis le tour du monde ; et quand je sortis de ce demi-sommeil fébrile, je m’imaginais que j’étais en Amérique, dans une de ces éternelles solitudes que l’homme n’a pu conquérir encore sur la nature sauvage. Tu ne saurais te figurer combien cette illusion s’empara de moi : je m’attendais presque à voir le boa dérouler ses anneaux sur les ronces desséchées, et le bruit du vent me semblait la voix des panthères errantes parmi les rochers.Je t’ai raconté bien des fois un rêve que je fais souvent, et qui m’a toujours laissé, après le réveil, une impression de bonheur et de mélancolie. Au commencement de ce rêve, je me vois assis sur une rive déserte, et une barque, pleine d’amis qui chantent des airs délicieux, vient à moi sur le fleuve rapide. Ils m’appellent, ils me tendent les bras, et je m’élance avec eux dans la barque. Ils me disent : « Nous allons à… (ils nomment un pays inconnu), hâtons-nous d’arriver. » On laisse les instruments, on interrompt les chants. Chacun prend la rame. Nous abordons… à quelle rive enchantée ? Il me serait impossible de le décrire ; mais je l’ai vue vingt fois, je la connais : elle doit exister quelque part sur la terre ou dans quelqu’une de ces planètes dont tu aimes à contempler la pâle lumière dans les bois au coucher de la lune. Je fermai les yeux au pied d’une roche, et mon esprit se mit à divaguer. En un quart d’heure je fis le tour du monde ; et quand je sortis de ce demi-sommeil fébrile, je m’imaginais que j’étais en Amérique, dans une de ces éternelles solitudes que l’homme n’a pu conquérir encore sur la nature sauvage. Tu ne saurais te figurer combien cette illusion s’empara de moi : je m’attendais presque à voir le boa dérouler ses anneaux sur les ronces desséchées, et le bruit du vent me semblait la voix des panthères errantes parmi les rochers."
George Sand
Souvenirs de voyage revisite l’univers de George Sand en présentant des extraits de sa correspondance datant de 1844. Si le monde a bien changé depuis, l’esprit du voyage et la soif de découverte demeurent intacts et sans limites, tout particulièrement dans l’œuvre de Gwenaëlle Trolez.