Le Veilleur du Jour
Prix éditeur : 25,40 €
Collection : Lettres d'ici
Éditeur : GINKGO
EAN : 9782846790536
Parution : 1 octobre 2007
Pagination : 650 p.
Façonnage : broché
Poids : 880 g.
Coup de cœur
Historiquement second tome du cycle des Contrées, paru en 1986, Le Veilleur du jour permet à Jacques Abeille de nous présenter l'autre facette déterminante de l’empire de Terrèbre : sa capitale, située dans le sud-ouest lointain des contrées des Jardins statuaires. À nouveau, un narrateur déraciné, récent immigrant dans cette métropole nourrie de la ville de Bordeaux familière à l’auteur, se voit assigner une étrange mission de « veilleur du jour » dans un édifice qui est beaucoup plus que ce qu’en indiquent les premières apparences… Intrigue amoureuse et érotisme, beaucoup plus marqués dans ce deuxième volume, rythment une trame qui se révèlera aussi au fond beaucoup plus politique qu’il ne semble, où la sombre guilde des Hôteliers et l’empire barbare que l’on avait vu en gestation jouent pleinement leur rôle…
Déroutant par moments, le cheminement est pourtant d’une sûreté implacable, pour une conclusion inattendue, résonnant avec celles du Rivage des Syrtes de Gracq ou du Désert des Tartares de Buzzati…
Le style précis et imagé d’Abeille se développe encore, prenant par moments des accents dignes du meilleur Saint-John Perse, et parfois un souffle de l’ironique érudition d’un Borges.
Et cette terrible phrase finale, annonçant à la fois Les Barbares et Les voyages du fils, tomes suivants qui emmenèneront le lecteur dans deux directions distinctes: « Les désastres qui s’ensuivirent appartiennent à l’histoire officielle de Terrèbre. On ne saurait en donner le détail, si vaste est un pays ravagé. »
Quatrième de couverture
Barthélemy Lécriveur, homme sans mémoire et sans passé, descend des Hautes Brandes, la zone frontalière avec les jardins statuaires, vers Terrèbre, port principal et capitale de l’Empire. En route, il rencontre un bateleur, une vieille femme accueillante, une enfant compatissante. À Terrèbre, il cherche à s’embarquer pour les îles, en vain. Le patron de l’auberge où il loge le met en contact avec une mystérieuse association d’archéologues à la recherche d’un gardien de jour pour leur entrepôt. Convaincu que ce lieu est le centre d’activités suspectes, mais conquis par l’endroit, Barthélemy accepte le poste. Lonvois, le tout-puissant chancelier de l’Empire, le professeur Destrefonds, madame Célimène, la puissante Guilde des Hôteliers s’agitent en toile de fond du roman, chacun détenant une part de l’énigme dont le lecteur, observateur privilégié, est seul à pouvoir reconstituer la totalité. Un antiquaire (personnage emblématique du roman) met Barthélemy sur la piste d’une race d’étranges bâtisseurs qui auraient, à une époque fort reculée, construit cet édifice, à la fois temple, tombeau et lieu ultime de leur existence. La rencontre avec Coralie, la jeune fille borgne, puis leur amour, fera basculer le roman – et l’empire de Terrèbre – vers l’effondrement final.
Parmi les personnages secondaires qui hantent les six cents pages du livre, Molavoine, l’intègre fonctionnaire de police, à la fois le révélateur d’un monde qui s’effrite et le complice bienveillant des deux amants ; et Zoé, la servante de l’auberge, amoureuse mais libre, dont le fils, vingt ans après, partira sur les traces de Barthélemy, son père. Mais cela constitue la trame des Voyages du fils. Roman d’énigme, récit d’aventure, livre de mémoire, Le Veilleur du jour est aussi un hommage à une cité portuaire – bien réelle celle-là –, Bordeaux, où réside Jacques Abeille depuis plusieurs décennies, et dont la géographie se lit en filigrane du réseau urbain de la capitale de l’Empire.
Le roman de Jacques Abeille est tissé, en trompe-l’œil pour ainsi dire, de relations métaphoriques à la littérature et au tarot divinatoire. Le nom de Barthélemy Lécriveur, par exemple, est une référence explicite à Bartleby l’écrivain, le personnage éponyme de la nouvelle d’Herman Melville. De même, le nombre de chambres de l’« entrepôt » et leur disposition dans l’édifice correspondent très exactement aux arcanes majeurs du tarot de Marseille.
Deuxième roman du cycle des Contrées (après Les Jardins statuaires, Joëlle Losfeld, rééd.), Le Veilleur du jour fut salué par la presse unanime lors de sa première édition, chez Flammarion, en 1986.