Where what's happening
Quatrième de couverture
Liesa Van der Aa, qu’on se le dise, est d’ores et déjà immense. Et après nous avoir régalé de son sublime premier album Troops et de prestations scéniques exceptionnelles, la voilà qui nous revient aujourd’hui, un peu par surprise, avec un EP quatre titres (disponible uniquement en vinyle et sur iTunes, attention, elle nous avait déjà fait le coup pour son enregistrement live à la Chapelle), pour autant d’hommages à ses maîtres… parfois inattendus, mais on aura l’occasion d’y revenir. La jeune Belge au violon dingue en profite pour passer ces tubes à sa moulinette très particulière, où la pop, tout en restant pop, se teinte insidieusement d’expérimentations diverses et variées, à grands renforts de boucles et de pédales d’effet.
Rien d’étonnant à ce que l’EP s’ouvre sur le « Nightclubbing » d’Iggy Pop, cette reprise aussi inventive qu’étonnamment groovy ayant été amplement rodée sur scène. Une réussite bluffante, qui transfigure l’original, tout en en conservant la substantifique moelle.
Suit « Vanishing Act » de Lou Reed – un titre d’une triste actualité… Le morceau prend son temps, se déployant à partir d’une superbe introduction lorgnant sur l’ambient (un peu à la manière de ce qu’elle avait pu faire avec « Birds in Berlin » sur Troops), avant de devenir plus conventionnel mais toujours intéressant, et émaillé de délicieux bruits de fond et de chœurs savoureux.
Un tribut, ensuite, à une référence qu’on ne peut s’empêcher de trouver évidente, avec le « Rid of Me » de PJ Harvey. Pour le coup, Liesa Van der Aa s’énerve, et nous livre une reprise charnelle et viscérale, au violon tout excité et excitant. Parfait.
… Et une surprise pour la fin, puisque la dernière reprise n’est autre que… « Paroles paroles » de Dalida ! (Avec Johan Leysen dans le rôle de Delon.) Avouons-le : devant ce programme, on pouvait craindre le pire, la mauvaise blague ou la compromission. Il n’en est bien évidemment rien, et, si ce morceau est tout de même un bon cran en-dessous des trois merveilles qui précèdent, il reste tout à fait écoutable, et même mieux. Ben oui, du Dalida, par Liesa Van der Aa, ça le fait. Amusant, mais pas que.
Where What’s Happening est ainsi une délicieuse sucrerie, qui confirme tout le bien qu’on pouvait penser de la chanteuse et violoniste. Et c’est peu dire qu’on a hâte de voir la suite des opérations… (Nébal pour LES IMMORTELS).