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L'Invitation à la mort et autres contes chimériques (1906-1907)

de Lucie DELARUE-MARDRUS

Prix éditeur : 19,00 €

Collection : Le VISAGE VERT

Éditeur : LE VISAGE VERT

EAN : 9782918061625

Parution : 15 janvier 2025

Pagination : 262 p.

Poids : 300 g.

Quatrième de couverture

« Le cœur arrêté, les yeux immenses, elle recula jusqu’à ce que ses épaules fussent barrées par le mur du cimetière. Si proche d’elle était le squelette que, malgré la nuit presque complète, elle le voyait dans son détail. Il se tenait debout, le dos voûté comme un mendiant ; sa petite tête ronde et terreuse tombait humblement sur son thorax vidé ; ses mains élégantes pendaient le long de ses hanches trop fortes, et ses deux pieds, salis de boue, allongeaient sur le sol leur succession de menus os délicats.
Un moment s’étant écoulé dans le mutisme et l’immobilité de l’horreur, le squelette fit claquer doucement ses maxillaires et parla […].
— Tais-toi !… souffla-t-il. Un peu de terre est logée dans mon crâne ; et depuis que je suis à l’air, je crois bien sentir une graine qui, tout doucement, se met à germer au fond. Et ce petit bonheur me paraît grand comme la pensée du monde. Maintenant, un oiseau pourrait se nicher dans mon thorax comme dans une cage. Ce serait mon cœur. Il y aurait deux vers luisants dans les trous de ma tête. Ce seraient mes yeux… mais je crains bien que cela ne puisse se réaliser. Il faut me contenter d’avoir encore des jambes pour courir, des mains pour saisir, des dents pour… sourire. Toi, si tu voulais, par aumône, tu me mettrais bien deux fleurs de ton bouquet dans les orbites ?…
— Écoute, mon pauvre mendiant, dit-elle, laissant résolument de côté toute frayeur, écoute ! Je te prête mon paletot pour te cacher. Viens dîner avec moi. Je t’invite. Tu me raconteras l’éternité. »

Épouse du docteur Mardrus, traducteur du Livre des Mille Nuits et une Nuit, la poétesse Lucie Delarue-Mardrus (Honfleur, 3 novembre 1874 – Château-Gontier, 26 avril 1945) fait une entrée fracassante dans le conte de presse pour le quotidien Le Journal en 1906 avec une série d’histoires extraordinaires, bizarres, macabres, cruelles, symboliques, merveilleuses, allégoriques, poétiques, en un mot chimériques, qui pour la plupart n’ont jamais été recueillies depuis leur parution initiale, en dépit de leur singulier pouvoir d’évocation.

Ce volume, complété d’un dossier, se propose de combler cette lacune en réunissant les trente-quatre premières d’entre elles, parues de juillet 1906 à septembre 1907. Les suivantes feront l’objet d’un second recueil, Le Fantôme dans la rose et autres contes visionnaires.

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