Ma peau de fille
Prix éditeur : 7,00 €
Collection : Pas de côté
Éditeur : ISABELLE SAUVAGE
EAN : 9782490385324
Parution : 1 juin 2022
Pagination : 24 p.
Façonnage : livret
Poids : 36 g.
Quatrième de couverture
Ma peau de fille est une suite de Polaroïds d’une enfance en province, dans ce qu’on imagine une petite ville, ou à la campagne. On est dans les années 70-80, comme l’indiquent quelques repères (la mobylette, le walkman, le mange-disques et l’ardoise magique, la Renault 12) et les références musicales. Le décor varie entre l’extérieur — champs, forêt, neige ou ruisseau —, et l’intérieur — un garage où s’entreposent toutes sortes d’objets, une salle de classe, une cour d’école. On passe d’« un corps animal, ramassé sur chaque sensation » à « des pensées extravagantes [qui] sortent de [la] tête ».
Une enfant se « plie dans la boîte en carton d’une panoplie de marquise » qu’on lui offre pour ses huit ans, « machine à fabriquer les filles ». La mère est conductrice de car, évoluant dans un monde exclusivement masculin, et lui offre, elle, les attirails du cowboy : « ma mère de mère en fille, si fière d’être de sa lignée ». Mais l’enfant tourne et tombe, s’égratigne, « même pas mal », quand la frêle danseuse dans sa bouteille enchaîne les rondes à tour de clé. C’est qu’il est si difficile de garder une place pour le garçon qu’elle abrite depuis qu’elle est née, alors que la société en son entier l’assigne à son rôle de fille. Coupée en deux, les premiers maux des filles (soutien-gorge = « rouge-gorge en cage ») et les crampons aux chaussures ou les Doc Martens, blouson et couteau en poche — quand il faut devenir femme, gonfler ses biceps devant la glace. Dans les jeux, les airs et les amours de garçon, faut-il « traverser [son] corps pour aller voir de l’autre côté » ?
Muriel Roche dans ce court texte touche au plus près ce qui se passe dans la peau d’une enfant qui comprend qu’il y a « d’un côté la fille et de l’autre le garçon […], ce que je perds et ce qui s’éloigne ». Les phrases, vives et épurées, sans apprêt, sans majuscule, quelques virgules et surtout des points d’interrogation — pas de point — s’enchaînent en interpellant le lecteur (« tu vois… ? » / « alors tu vois… ») et dessinent quelques tableaux qui donnent avec une grande justesse le tourment des sentiments, des sensations.