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Les Jardins de Kensington

de Rodrigo FRESAN

Les Jardins de Kensington

Prix éditeur : 8,00 €

Collection : Points

Éditeur : POINTS

EAN : 9782757826638

Parution : 2 février 2012

Pagination : 472 p.

Poids : 245 g.

Coup de cœur

Une formidable relecture de la vie de J.M. Barrie, de son personnage Peter Pan... et des Sixties.

Publié en 2003, traduit en français au Seuil en 2004 par Isabelle Gugnon, le cinquième roman de l'Argentin Rodrigo Fresan (le sixième si l'on prend en compte le "recueil de nouvelles" qu'est "La vitesse des choses") marque un tournant dans la formidable exploration littéraire jusqu'alors entreprise, car, poursuivant ses discrètes mais profondes réflexions sur le lien entre la narration et la vie, Fresan s'appuie cette fois sur un univers mythique à part entière, pour en rendre compte et le subvertir : celui de James M. Barrie, le créateur de Peter Pan.

Au cours d'une longue nuit, un écrivain à succès de littérature pour enfants, Peter Hook, lui-même fils d'un couple de rockers anglais du "Swinging London" des années 66-67, raconte à un jeune interlocuteur, dont on découvrira peu à peu, par micro-touches, qui il est réellement, la vie de James M. Barrie et l'histoire de la création de l'univers de Peter Pan, en les rapprochant sans cesse, en une puissante analogie, de l'univers artistique d'enfance éternelle, également, des rock stars et des milieux artistico-littéraires à l'époque de la création de "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band".

Tout en poursuivant la contamination de l'univers (des univers, plutôt - Angleterre victorienne et Swinging London) par la mythologie personnelle de Fresan, la ville douée d'ubiquité de Canciones Tristes / Sad Songs s'imposant lentement mais sûrement, ici aussi, comme le point focal du monde, localisée occasionnellement "tout près" de Neverland, et le roman ayant été écrit en fait parallèlement à "Mantra" (un processus d'échange subliminal entre Londres et Mexico est d'ailleurs évoqué par l'auteur dans sa postface), Rodrigo Fresan questionne comme peu l'ont fait - ou sont capables de le faire - la fonction même de la littérature pour enfants, la manière dont existe ou non une "barrière" entre enfance et âge adulte, entre littérature pour les petits et littérature pour les grands, entre imagination débridée et tentation de cette résignation éternelle qui est bien souvent appelée maturité.

Inventant juste ce qu'il faut dans les interstices biographiques, créant de toutes pièces un univers pop rock sixties bien personnel et ô combien jubilatoire, maniant les codes des genres avec son perpétuel brio, Fresan réussit à nouveau à imposer son foisonnement singulier au service d'une quête profondément habitée, entre vie et littérature, ou avec littérature-vie.

"Barrie leur raconte que lorsque tous les promeneurs sont rentrés chez eux, que les grilles sont fermées jusqu'au lendemain, que toutes les cloches des églises se mettent à sonner, Peter Pan souffle avec entrain dans sa flûte et danse sur les tombes, où il dépose parfois quelques fleurs blanches. Peter Pan cherche les bébés qui viennent de mourir pour les enterrer et creuse la terre avec sa rame. Peter Pan chante des chansons à tue-tête pour faire rire les enfants perdus et les guider vers un Au-Delà de jeux éternels, un Au-Delà qui ne s'appelle pas encore Neverland mais qui existe déjà, un lieu magique où l'heure terrible du coucher n'arrive jamais."

"Le personnage est l'âge.
Un jour, on t'offre ta première montre. C'est la fin de l'enfance libre de toute contrainte. La montre est un jouet, d'accord, mais un jouet délicat, un jouet sérieux. Un jouet dont tu ne sais pas très bien à quoi il sert et qui est pourtant là, à te mordre le poignet gauche comme un crocodile, t'inoculant dans le sang le virus des heures, des minutes, des secondes. Cette première montre signifie que tu es assez vieux et responsable pour avoir une première montre. La première de la longue série que tu auras tout au long de ta vie. À chaque âge, sa montre. Il y en aura quatre ou cinq. Assez jusqu'au jour de ta mort, où tu restes sans filet, où les aiguilles s'arrêtent tandis que tu te couches à jamais et que tu laisses en héritage le mécanisme qui a marqué l'âge de ton corps et de ton esprit, l'engin qui a cadencé l'assemblage des pièces de ta vie au point de former une petite histoire, l'une des innombrables briques formant l'immense bâtisse de l'éternité."

 

Quatrième de couverture

Jim voyage à travers les âges pour ne pas grandir. Sur sa chronocyclette, il va des swinging sixties à l’Angleterre victorienne, et inversement. Il adore Star Trek et se déplace en fiacre. Il est fan des Beatles et ami avec James Barrie, ce grand écrivain oublié. La vie de Jim Yang est un rêve éveillé. Car comme Peter Pan, sa seule patrie est au-delà du temps : c’est celle de la jeunesse éternelle.

 

« Tout le monde croit aux fées. Y a-t-il quelqu'un d'assez sot pour ne pas croire aux fées ? »

 

Né en 1963 à Buenos Aires, Rodrigo Fresán est auteur de romans et de nouvelles traduits dans toute l’Europe et aux États-Unis. Il est l’un des chefs de file du renouveau littéraire latino-américain.

 

« Rodrigo Fresán livre ses plus belles pages sur l’enfance. » Le Monde des livres

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