Petit manuel littéraire d’outre-tombe
Prix éditeur : 15,00 €
Collection : L'Ange du Bizarre
Éditeur : GINKGO
EAN : 9782846790598
Parution : 1 mars 2008
Pagination : 150 p.
Façonnage : broché
Quatrième de couverture
Mourir, pour un écrivain célèbre, n’interrompt pas nécessairement sa création : grâce aux médiums, l’esprit du grand homme est convoqué autour des tables tournantes pour parfaire l’œuvre du vivant – voire la renier, le cas échéant !
Ainsi de Voltaire découvrant que l’homme est bon, Dieu nécessaire à son existence et reniant toute une vie consacrée à prouver le contraire ! Ou de Victor Hugo, lui-même expert en tables tournantes : Eschyle, Anacréon, Socrate, ou encore Shakespeare furent conviés par le maître en son exil de Guernesey pour y écrire des œuvres… typiquement hugoliennes !
La production médiumnique, abondante dans la seconde moitié du XIXe siècle (l’âge d’or du spiritisme) et la première du XXe, était jusqu’ici totalement passée inaperçue des critiques et spécialistes de la littérature. Cette injustice est aujourd’hui réparée et, dans les manuels du XXIe siècle, figureront désormais de larges extraits des œuvres post-mortem de nos écrivains favoris.
Au palmarès, outre les auteurs ci-dessus mentionnés : Aristophane (revu et corrigé par Hugo) ; Musset : ces quelques vers – « Me voici revenu. Pourtant j’avais, Madame / Juré sur mes grands dieux de ne jamais rimer. / C’est un triste métier que de faire imprimer / Les œuvres d’un auteur réduit à l’état d’âme » – écrits en 1865, soit huit ans après la mort du poète, témoignent de son sens aigu de la situation ; Poe ; Nodier ; Victor Hugo lui-même, en 1929 (près de cinquante ans après son décès !) : « Mondes qui m’entourez, Univers inconnus / Étoiles qui brillez dans les vastes espaces. / Soleils, me direz-vous d’où vous êtes venus ? / Où pourrai-je chercher vos lumineuses traces. » D’un esprit si vaste, on ne pouvait attendre qu’une œuvre… sidérale ! ; Oscar Wilde, qui semble regretter – au contraire de ses illustres compagnons de limbes – sa vie terrestre : « La mort est la plus ennuyeuse expérience de la vie, si l’on excepte le mariage et les dîners avec un maître d’école. »
Certains écrivains, décédés trop tôt, profitent de leur réactivation pour terminer un roman laissé en plan : tel Dickens, mort en 1870, achevant deux ans plus tard Le Mystère d’Edwin Drood ; ou André Chénier, brutalement raccourci en 1794, qui semble, grâce à Hugo (toujours lui ! en 1853), regretter les joies d’une vie trop courte : « Que nous étions heureux ! oh ! les doux entretiens ! / Vos soupirs vos serments, je veux dire les tiens […] / Les baisers les plus gros qui sont les plus lutins / Et les berceaux secrets et les lits clandestins. »
Ce florilège de classiques inédits sera présenté à la manière d’un Lagarde & Michard d’outre-tombe, avec larges citations et exercices. L’élève consciencieux y trouvera matière à orner ses dissertations (sans craindre d’être repéré par des emprunts trop usés) et l’enseignant toujours à court de nouveauté des sujets enfin neufs !
Stéphane Mahieu, détenteur de la chaire de sciences sociales & culinaires au Collège de pataphysique, est l’auteur, dans cette collection, du Phalanstère des langages excentriques, une étude sur les bizarreries langagières et les langues inventées.