Manituana
Prix éditeur : 24,00 €
Collection : Bibliothèque italienne
Éditeur : MÉTAILIÉ
EAN : 9782864246886
Parution : 20 août 2009
Pagination : 507 p.
Poids : 531 g.
Coup de cœur
Avec Manituana en 2007 (publié en français en 2009 - dans la remarquable Bibliothèque Italienne animée chez Métailié par Serge Quadruppani), le collectif d'écrivains italiens Wu Ming renouvelait l'exploit de Q (en français, L'Œil de Carafa) : construire un roman historique au souffle puissant, rigoureusement documenté, parfaitement orchestré, présentant de vrais personnages qui ne soient pas de fugitives caricatures, tout en s'attachant à mettre à jour "l'envers du décor", de l'histoire communément acceptée, du "récit des vainqueurs".
Ici, loin du XVIème siècle de la Réforme et de la Contre-Réforme en Europe (qui était l'objet de L'Œil de Carafa), les Wu Ming nous emmènent en Amérique du Nord, à la veille de la guerre d'Indépendance qui donnera naissance aux États-Unis. Adoptant en détail le point de vue de colons humanistes et fidèles à la Couronne britannique, et de leurs amis amérindiens préférant un souverain lointain et relativement bienveillant à des colons et marchands ô combien présents, et en quête incessante de terres, d'esclaves et de profits, ils nous livrent une vision crédible, documentée et décapante des mythes fondateurs des treize Colonies, loin en effet des réécritures solennelles qui en seront effectuées par la suite. Avec un "morceau de bravoure" indéniable et une authentique fête du langage, lorsqu'une ambassade iroquoise ira affronter Londres, ses splendeurs et ses bas-fonds, pour être reçue à la cour du roi George...
Poursuivant au fond des buts proches de ceux d'un Vollmann dans Central Europe ou d'un Claro dans CosmoZ, avec des moyens entièrement différents, les Italiens chantres du "New Epic" réussissent à nouveau un grand moment d'histoire des vaincus, et nous donnent peut-être le meilleur roman historique de ces dernières années. Travail salutaire et jouissif à la fois, bien servi aussi par une traduction impeccable de Serge Quadruppani.
[... et Charybde 1 et 3 approuvent.]
Coup de cœur
Ces quelques mots pour vous rappeler que notre sélection de beaux livres, pour vous ou pour offrir, arrive en ce moment chez Charybde, et que nous vous les présenterons le dimanche 16 décembre à partir de 11 h 00, avec café, thé, rafraîchissements et grignoteries jusqu’à 18 h 30 exceptionnellement.
Nous avons aussi sélectionné un certain nombre de livres, parmi ceux qui vous ont beaucoup plu cette année, que nous jugeons « idéaux pour offrir » :
Ihsan Oktay ANAR, Atlas des continents brumeux (par Charybde 1)
Tatiana ARFEL, L’attente du soir (par Charybde 1)
Patrick CHAMOISEAU, L’empreinte à Crusoé (par Charybde 2)
COLLECTIF, Haïti noir (par Charybde 3)
COLLECTIF, Last and lost – Atlas d’une Europe fantôme (par Charybde 4)
Patrick DEWITT, Les frères Sisters (par Charybde 1)
Jérôme FERRARI, Le sermon sur la chute de Rome (par Charybde 3)
Mathieu LARNAUDIE, Acharnement (par Charybde 2)
Elsa OSORIO, La Capitana (par Charybde 3)
Laurent RIVELAYGUE, Le Von Mopp Illustré : « Un dictionnaire aussi instructif que bête et méchant » (Charybde 4)
Goliarda SAPIENZA, Moi, Jean Gabin (par Charybde 1)
Jeff VANDERMEER, La cité des saints et des fous : « Une ville cruelle racontée par une plume inventive. Un grand livre de fantasy moderne. (Charybde 4)
WU MING, Manituana (par Charybde 2)
Enfin, nous en profitons pour vous signaler que nous serons OUVERTS les dimanches 23 et 30 décembre aux horaires habituels du dimanche (11 h 00 – 17 h 00), OUVERTS exceptionnellement le lundi 24 décembre de 12 h 00 à 18 h 00, et FERMÉS exceptionnellement le mercredi 26 décembre.
Bonnes fêtes à toutes et à tous !
Coup de cœur
Le choix de Charybde 1 : du rire et des larmes
Le septième jour de Yu Hua : une errance de sept jours dans les limbes pour un homme fraîchement décédé ; sept jours de drames, d'une tristesse touchante et d'humour noir.
La révolte des cafards d'Oscar Zeta Acosta : l'engagement progressif et tumultueux de Buffalo Brown aux côtés des mouvements chicanos des années 60. Dans la lignée d'un Hunter Thompson, foutraque, déjanté, méchant.
Le choix de Charybde 2 : poin-tu !
Icecolor d'Emmanuel Ruben : un texte décisif, puissant et beau, une lecture indispensable pour qui aime l’esthétique politique servie par une écriture exceptionnelle.
Tout passe de Gabriel Josipovici : soixante pages de grandeur pudique, la belle et terrible solitude de l'intellectuel.
Le choix de Charybde 3 : voyager loin
L'affaire des vivants de Christian Chavassieux : un très bel hommage au roman du 19e siècle, superbement écrit, et avec des personnages attachants. Un vrai bon roman populaire, dans le sens noble du terme.
Eloge des voyages insensés de Vassili Golovanov : une splendide quête intérieure, sur fond de paysages à tomber par terre. Un récit de voyage extraordinaire et extrêmement émouvant.
Le choix de Charybde 4 : futur et morts-vivants
L'éducation de Stony Mayhall de Daryl Gregory : du zombie comme jamais vous n'en avez lu, un roman subtil, nuancé, émouvant. Qui l'eût crû ?
La fille flûte de Paolo Bacigalupi : de l'excellente science-fiction prospective !
Le choix de Charybde 7 : humour et émotion
L’ours est un écrivain comme les autres de William Kotzwinkle : une satire du milieu littéraire, des relations publiques et de la publicité, qui tourne en dérision de manière hilarante les obsessions narcissiques, de l’argent et de la célébrité de l’Amérique contemporaine.
Lanark d'Alasdair Gray : un livre qui se voit autant qu'il se lit, une tour de Babel de styles et d'émotions, un livre alternativement passionnant, désespérant, déroutant et fascinant.
Et Charybde au complet vous rappelle que les chefs d’œuvre font toujours plaisir, comme Victus d'Albert Sanchez Pinol, Confiteor de Jaume Cabre, Manituana de Wu Ming ou encore Les soldats de la mer d'Yves et Ada Rémy.
Quatrième de couverture
E n 1775, il existait dans la vallée du fleuve Mohawk un monde métis, baptisé Iroquirlande, où six tribus iroquoises avaient tissé des liens de sang avec des Écossais et des Irlandais sous la protection de Sir William Johnson, commissaire des Affaires indiennes.
Maintenant les terres ancestrales sont menacées par l'avidité des colons qui veulent se libérer de la couronne d'Angleterre. La guerre arrive de Boston et se rapproche, de vieux liens se rompent et la terre devient le théâtre de scènes d'horreur. Le chef de guerre Joseph Brant Thayendanega essaiera d'en appeler au roi, il ira à Londres avec Philip, dit le Grand Diable, guerrier mohawk redouté et lecteur de Shakespeare, Peter, l'adolescent peau-rouge qui joue du violon et combattra dans les armées du roi, Esther qui a le don des visions comme sa parente Molly, la mère des nations iroquoises.
De la splendeur lyrique des forêts et des lacs du Nord-Est américain aux fastes grotesques des salons aristocratiques et aux bas-fonds de Londres, à travers des personnages de femmes et d'hommes pris entre deux civilisations, Wu Ming nous livre une saga qui allie la poésie à la précision extrême du détail. Argot des bandits, langue sacrée des Peaux-Rouges, belle langue du xvule siècle, ils nous donnent à entendre une musique qui mêle la cornemuse écossaise et les chants magiques pour mieux nous faire sentir, au-delà de débats qui aujourd'hui encore nous agitent, l'"épopée de la naissance d'une nation" dans la version des vaincus de l'Indépendance des États-Unis.