On trouve de tout dans ce petit recueil qu’est Le Jardin dans l’île.
On y tombe amoureux dans des circonstances pour le moins particulières (« La Nuit des voltigeurs », « Le Jardin dans l’île »). Les hommes y sont fréquemment brisés par la vie mais retrouvent, au gré des circonstances, un peu de leur superbe (« Figure humaine », « L’enclos »). Les femmes y sont magnifiques, parfois mystérieuses, le plus souvent aimantes et maternelles (« Figure humaine », « Le Jardin dans l’île »). Et puis, au gré des circonstances, le lecteur peut y faire la connaissance d’un mystérieux courtier capable de dénicher l’objet de vos rêves (« Le courtier Delaunay ») ou louer une propriété pour le moins… particulière (« L’inhabitable »).
La nostalgie y a souvent sa place, qu’elle se réfugie dans le bouquet d’un vin (« Château Naguère ») ou des souvenirs d’enfance heureusement fantasmés (« L’enclos »), même si elle est souvent contrebalancée par un humour tranquille, dérapant parfois dans l’absurde (« L’importun »).
L’élégance et la classe de l’écriture de Georges-Olivier Châteaureynaud s’y déploient en toute évidence, son impeccable sens du rythme et de l’atmosphère y font merveille pour graver cette collection de miniatures dans l’esprit du lecteur.
Et, comme pour parachever l’ensemble, l’auteur s’y permet le luxe d’une dernière novella qui n’a rien à envier aux meilleures épopées de fantasy, commençant comme une fresque guerrière et se refermant en huis-clos dramatique au sein d’une forteresse inaccessible (« Zinzolins et Nacarats ») .
Oui, décidément, on trouve de tout dans Le Jardin dans l’île. Et surtout la certitude que Georges-Olivier Châteaureynaud est décidément un très grand écrivain, probablement jamais aussi à l’aise que dans la miniature. Un immense petit recueil.
Quatrième de couverture
Un après-midi de septembre, le courtier Delaunay, dont la réputation n'est plus à faire, propose ses services à un antiquaire. Qui lui commande les objets rares qu'il cherche pour ses meilleurs clients : tel sucrier en argent, telle tabatière du XIXe ou casquette d'officier anglais de la Grande Guerre... Et Delaunay les trouve. Toujours ! C'est à n'y plus rien comprendre. À en perdre la raison.
Châteaureynaud excelle ainsi à faire basculer d'un monde dans l'autre, qu'on appelle fantastique. Avec sobriété, humour et élégance... comme un jardin inattendu dans une île battue par les vents.
Le Jardin dans l'île est magique parce qu'il nous perd, en faisant semblant de nous diriger. Il obéit à ce qu'il y a de meilleur en littérature : le mensonge. Joël Schmidt, Réforme