Carénage
Prix éditeur : 17,30 €
Collection : ACTES SUD
Éditeur : ACTES SUD
EAN : 9782742799534
Parution : 12 août 2011
Pagination : 150 p.
Poids : 150 g.
Coup de cœur
De cette incursion dans le mental obsessionnel d'un motard de haut vol, Sylvain Coher a su faire une expérience littéraire de toute première force.
Non seulement le rendu de la vitesse, de la route, des sensations et de l'extrême attention indispensable à ce niveau, en véritable mode "caméra subjective", est-il particulièrement impressionnant, mais la construction du personnage, toute en flashbacks simples et très efficaces, a aussi une bien fière allure.
Derrière la rivalité apparente entre la moto ("L'Élégante") et l'amante ("La Passagère") dans le cœur et l'esprit du héros Anton, ce qui nécessite presque à soi seul le déplacement jusqu'à ce livre est une prouesse qui vous saisira à la page 100, et vous scotchera littéralement. J'ai rarement observé une telle audace, et de telles conséquences, dans le renversement brutal du point de vue de la narration... Là où l'on croit longtemps avoir affaire à une obsession, on en découvre brutalement une autre, de couleur bien différente...
Écrit comme une poésie tragique, avec un souffle insensé, ce roman à 100 chevaux ne doit pas être ignoré plus longtemps. Et ce n'est pas par hasard qu'il figurait aussi sur la liste de Claro, libraire invité chez Charybde pour octobre 2011.
[ ... et Charybde 1 approuve. ]
Coup de cœur
Pierre MICHON, Le roi vient quand il veut
Hélène BESSETTE, Ida ou le délire
Thomas HEAMS-OGUS, Cent seize Chinois et quelques
Sylvain COHER, Carénage
Mitch CULLIN, King County Sheriff
Philippe de LA GENARDIÈRE, Simples mortels
Raymond FEDERMAN, Les carcasses
Jack LONDON, Martin Eden
Raymond ROUSSEL, Comment j'ai écrit certains de mes livres
Georges PEREC, La disparition
Quatrième de couverture
Seule la vitesse compte.
Le vent, le froid, les bruits, les visions, les sensations dépendent de la vitesse. Quand il est lancé sur sa machine, couché sur le corps de métal, entre sa fin d’insomnie et l’apparition du soleil, Anton vibre de la seule vie qu’il se souhaite. Une course intense et sans fin dans l’immobilité pesante des jours. Pas d’avenir, mais l’instant transcendé ; pas d’objectif sinon une courbe à négocier, une plaque de verglas à éviter.
Pourtant des projets seraient possibles avec Leen, qui l’aime et qu’il devrait aimer, qu’il aimerait complètement s’il n’y avait l’Elégante, l’impossible rivale de marque Triumph, l’ensorceleuse aux relents d’huile et de cuir, à la souplesse d’hirondelle. Tous les jours, aux petites heures, Anton fend l’air, comme suspendu dans le vide, quelque part entre le pont et l’eau. Il fonce comme on choisit sa mort.
Il roule comme on vit, sans pouvoir s’arrêter. Mais la brume glacée qui monte la nuit des routes forestières de l’Est porte son lot de cauchemars et de fantômes, comme celui d’Arman, l’ami des équipées adolescentes devenu concurrent et faux-frère avant de finir sur le périphérique, sa Ducati écrasée contre un camion… Le carénage ne protège que du vent, et la vitesse que du vide. Dans une atmosphère humide de brouillard et de sueur, la chevauchée hallucinée d’Anton défie l’ennui au nom de l’absolue liberté.
Hypnotique, précise et sonore, la langue de Sylvain Coher épouse les froides lignes de la mécanique pour produire la poésie la plus lumineuse. Sur l’obsession et les rendez-vous fatidiques, Carénage est un roman envoûtant et sensuel, à l’impressionnante puissance onirique.