American Gothic
01/04/2013 Coups de coeur
Connaissez-vous Daryl Leyland ? L’auteur de Mother Goose.
Non ? C’est normal. Ne vous inquiétez pas.
Même François Parisot, le traducteur des chefs-d’œuvre intraduisibles, le Claro de l’après-guerre n’a pu arriver à ses fins et faire connaître celui-ci de ce côté de l’Atlantique.
De ces années de recherches, d’infructueuses tentatives pour trouver l’éditeur français qui aurait pu se lancer dans l’ambitieux projet de traduire cette merveille, l’égale du Magicien d’Oz pour beaucoup, il ne reste que cette compilation de soixante témoignages. Le lecteur aura donc une idée précise de la vie de Daryl Leyland, de l’influence qu’il a eu sur tout un pays, de l’impact que celui-ci a eu sur lui et bien sûr de l’œuvre qui a en a résulté. Au cours de ce travail d’enquête, de cette minutieuse recréation de biographe, François Parisot nous livrera quelques-unes de ses traductions des textes du maître injustement inconnu chez nous. Et on comprendra très vite sa frustration. Une fois de plus nous sommes passés à côté d’un monument littéraire. Pas moins.
Ce témoignage, aussi enthousiasmant que frustrant donc, se lit comme un roman : c’est l’odyssée d’un paumé devenu un des piliers fondateur de la culture populaire américaine moderne (dans le sens le plus noble du terme). On pense à un Forrest Gump de la littérature qui traverse l’Histoire, se fait chahuter – parfois sévèrement par elle – mais laisse en retour une emprunte qu’on aimerait croire indélébile.
Grâce à American Gothic, Daryl Leyland rejoindra le panthéon des auteurs injustement oubliés tels que William Ashbless redécouvert par Tim Powers avec Les Voies d’Anubis ou Marshall France révélé par Jonathan Carroll dans Le Pays du fou rire. On pense aussi à Christopher Priest et à sa façon de jouer avec la réalité. Et Xavier Mauméjean nous livre sans aucun doute son œuvre la plus aboutie, la plus rusée aussi.