Carénage
15/10/2011 Coups de coeur
De cette incursion dans le mental obsessionnel d'un motard de haut vol, Sylvain Coher a su faire une expérience littéraire de toute première force.
Non seulement le rendu de la vitesse, de la route, des sensations et de l'extrême attention indispensable à ce niveau, en véritable mode "caméra subjective", est-il particulièrement impressionnant, mais la construction du personnage, toute en flashbacks simples et très efficaces, a aussi une bien fière allure.
Derrière la rivalité apparente entre la moto ("L'Élégante") et l'amante ("La Passagère") dans le cœur et l'esprit du héros Anton, ce qui nécessite presque à soi seul le déplacement jusqu'à ce livre est une prouesse qui vous saisira à la page 100, et vous scotchera littéralement. J'ai rarement observé une telle audace, et de telles conséquences, dans le renversement brutal du point de vue de la narration... Là où l'on croit longtemps avoir affaire à une obsession, on en découvre brutalement une autre, de couleur bien différente...
Écrit comme une poésie tragique, avec un souffle insensé, ce roman à 100 chevaux ne doit pas être ignoré plus longtemps. Et ce n'est pas par hasard qu'il figurait aussi sur la liste de Claro, libraire invité chez Charybde pour octobre 2011.
[ ... et Charybde 1 approuve. ]