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Effacement

Effacement

Effacement
de Percival EVERETT
ed. ACTES SUD

Beau roman, faussement simple et léger, de dénonciation drôle du prêt-à-penser culturo-médiatique.

Publié en 2001, le onzième roman de Percival Everett signait un nouveau coup de maître, utilisant avec
habileté narrative, intelligence érudite, et capacité d'émotion intacte, toutes les ressources d'un art aux si multiples facettes.
 

Nourri comme souvent de quelques ferments autobiographiques, nous suivons donc l'afro-américain professeur de
littérature et romancier plutôt confidentiel Thelonius Monk Ellison, spécialiste du structuralisme et de la déconstruction, aimé notamment de toute une intelligentsia française, lorsque, confronté à des besoins d'argent imprévus (du fait de l'assassinat de sa soeur, médecin qui acceptait de pratiquer des IVGs et s'occupait de leur mère, du divorce
ruineux de son frère, suite à la tardive révélation de son homosexualité, et du déclin, donc, de leur mère, qui voit poindre des symptômes manifestes et inquiétants de maladie d'Alzheimer), et ulcéré par le succès médiatique et commercial spectaculaire d'un roman-navet "noir issu du ghetto", alors même que son agent littéraire, résigné, lui
reproche d'écrire du "trop intellectuel" et du "pas assez noir", le romancier écrit en quelques heures un roman "brut de décoffrage" bourré de traits afro-américains caricaturaux, intégralement reproduit dans Effacement, précisément du genre dont raffolent les médias et les éditeurs, et... voit, incrédule, sa supercherie prendre toute la trajectoire d'un énorme best-seller.

Portraits subtils et drôles, dénonciations à la mitrailleuse lourde, mais tout en humour, du "prêt-à-penser" qui irrigue les milieux culturo-médiatiques américains, parcours émouvants sans "pathos" des individus normaux, de cette famille "décomposée" qui s'essaie malgré tout à la vie et à la décence ordinaire qui fut chère à George Orwell : un grand et beau roman, sous les apparentes légéreté et simplicité du propos et du ton.