Haine7
10/04/2012 Coups de coeur
La Nationale 7 n'avait pas fait dans le détail. Jeanne et Hugo : laminés trois ans auparavant. Le petit Paul : porté en terre le matin même.
Jean Luc Manet réunit trois solitudes le temps d'une nouvelle. Une dingue, entre zombi et furie, un vieux flic fatigué et un journaliste paumé en plein syndrome du Saint-Bernard. Chacun s'emmêle dans son désespoir, chacun à son rythme, chacun sur sa fréquence.
La nouvelle finit mal, avec la brutalité des textes courts et le désespoir de la littérature noire la plus râpeuse.
Dans un style travaillé, léché, fouillé ‒ écrit, dira-t-on, l'auteur brosse un quotidien glauque en bordure de la Nationale 7. Cette route, c'est peut-être le quatrième personnage important de la nouvelle. Elle empoisonne la vie, elle hante, elle tue, elle guide vers l'évasion... ou pas.
Haine7 c'est aussi un très joli petit objet des éditions Antidata. Illustré par Emmanuel Gross, en noir et blanc de jeux de matières, de taches d'encre floues sur lesquelles se dessinent des silhouettes, reflet négatif des silhouettes de craie post-meurtre ou post-accident, sur traces de rorscharch... c'est flou, c'est noir, ça pue le drame.
[... et Charybde 2 est d'accord]