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Jeune vieillard assis sur une pierre en bois

Jeune vieillard assis sur une pierre en bois: Nouvelles

Jeune vieillard assis sur une pierre en bois: Nouvelles
de Georges-Olivier CHÂTEAUREYNAUD
ed. GRASSET

Huit nouvelles sont réunies dans ce recueil paru en cet automne 2013, huit ans après «Singe savant tabassé par deux clowns» (2005, et 2013 chez Zulma).

Autour de vies ordinaires, parfois précaires, souvent à proximité d’une brocante ou d’un marché aux Puces, tant les objets semblent ici vivants ou chargés d’émotions, Georges-Olivier Châteaureynaud nous conte des moments mystérieux de la vie où l’étrange apparaît, comme les mémoires de cet homme qui a eu par trois fois la chance de s’envoler (Les intermittences d’Icare).

«C’est là que c’est arrivé, un jour d’été semblable aux autres. L’était-il vraiment ? Plus tard, j’y ai réfléchi, j’ai retourné le tiroir de mes souvenirs, j’ai tenté d’en trier le fatras. Je n’ai rien trouvé qui mérite d’être associé au prodige. Pas un signe annonciateur, aucun rêve prémonitoire, nulle concomitance. C’est venu comme ça. Mais faut-il une cause aux miracles ? Un instant j’étais soumis au joug de la pesanteur, et l’instant d’après j’en étais libéré. Une seconde mes pieds nus s’enfonçaient dans le sable grossier, et la suivante ils en étaient dégagés et flottaient une dizaine de centimètres au-dessus de leurs empreintes.»

Georges-Olivier Châteaureynaud écrit ses nouvelles au fil des années. Empreintes de nostalgie, elles racontent les détours et retours insolites de la vie ou bien leurs ultimes feux d’artifice, comme dans «Diorama», où M. Benjoin, artisan fabricant de figurines, revient vivre sur le tard dans un appartement hérité de sa mère, au sommet d’une tour aux portes de Paris, sur une place où trône bizarrement un manège abandonné. Lors de ses insomnies, il croit reconnaître dans les silhouettes traversant la place, des personnes qui ont compté autrefois.

Pas de frisson de peur dans ce fantastique-là mais des créatures animales inquiétantes traversent ses nouvelles, comme dans «Escargot, pie, furet», les nuits perturbées et étranges d’un petit professeur, habitant dans une chambre de bonne, après  l’installation dans une chambre voisine d’un prestidigitateur de seconde zone et de son assistante, ou encore dans la très belle «Une route poudreuse», le séjour d’un conférencier qui se rend dans une petite ville, talonné dans les rues par deux lionnes superbes et menaçantes.

«Qu’on n’aille pas s’imaginer que j’écris pour être cru. Je m’en moque, rendu où je suis de ma vie.» (Les intermittences d’Icare).

Et pourtant ces moments de magie nostalgique nous relient à la vie et au passage du temps.