La foire aux serpents
26/10/2011 Coups de coeur
Ce roman de 1976 est emblématique de cet auteur prolifique, issu d'une enfance difficile dans le Sud profond américain, engagé dans les Marines de 17 à 20 ans, avant de devenir écrivain et professeur d'anglais.
Avec l'humour souvent ironique qui le caractérise, et sans jamais prendre de gants dans le langage ou dans les situations, Harry Crews raconte ici quelques jours cruciaux de la vie d'un ancien brillant running back de lycée, qu'une blessure a renvoyé à la tenue du bar paternel, dans une bourgade rurale de Géorgie, où se déroule chaque année la "foire aux serpents", vaste rassemblement d'amateurs de crotales.
Ambiguë camaraderie redneck, racisme ordinaire et presque "bon enfant", beuveries monumentales, malheurs familiaux, désespoirs domestiques, combats de chiens féroces, viols quasiment banalisés,... construisent un terrifiant climat, cruel, violemment sexuel, dans lequel le narrateur, comme un cousin parodique du Roi sans divertissement de Giono, semble se débattre de plus en plus fort pour échapper à l'ennui morbide, jusqu'à l'apothéose finale.
Étrange hybride de Faulkner et de Crumley, Harry Crews ne vous laissera pas indifférent, et cette Foire aux serpents moins que tout autre de ses romans.
Et un grand remerciement à Laurent Courau, libraire invité chez Charybde pour le mois de novembre 2011, pour cette recommandation !