Le Cœur cousu
02/01/2013 Coups de coeur
« Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d’enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu’il m’est passé dans le sang.
Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.
Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l’écoulement sableux qui me traverse.
LA TRAVERSÉE
Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. »
Il est peu de romans qui vous happent ainsi dès les premières lignes pour ne plus vous lâcher. Qui empruntent sans a priori, avec la plus grande évidence, les chemins du réalisme magique. Qui parviennent à enluminer le quotidien des dorures les plus étranges.
Le Cœur cousu est de cette race-là.
Narrant les souvenirs de Soledad, benjamine d’une famille dont la mère, Frasquita, a hérité d’une bien mystérieuse boîte à couture, il suit les errances de la lignée des Carasco à travers une Espagne déchirée par les guerres intestines . Et si le décor y apparaît des plus réaliste, tout ici se pare avec un naturel parfait des atours du fantastique et du conte.
Ne vous étonnez donc pas de croiser en chemin un homme qui se prend pour un volatile, un curieux enfant aux cheveux rouges ou une femme au baiser mortel, d’y voir faner la plus magnifique des robes de mariée le jour même de la noce, d’y parier l’avenir d’une femme sur l’issue d’un combat de coq, de jouer une partie de cache-cache mortel avec un Ogre au sein d’un labyrinthe. Ou même, parfois, d’y voir ressusciter les gens...
Il vous suffit de laisser Carole Martinez vous prendre par la main et vous guider. Elle connaît très bien le chemin et vous ne regretterez pas le voyage…
[... et Charybde 1 confirme.]