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Le septième jour

Le septième jour

Le septième jour
de Hua YU
ed. ACTES SUD

Sept jours de drames, d'une tristesse touchante et d'humour noir.

 

Par un épais brouillard, je suis sorti de la maison que je louais, et j'ai divagué dans la ville irréelle et chaotique. Je devais me rendre dans cet endroit qu'on appelle le funérarium, et qu'on appelait jadis le crématorium. On m'y avait convoqué, avec obligation de me présenter là-bas avant 9 heures du matin, ma crémation étant prévue pour 9h30.

 

Le premier jour est celui de la crémation. Puis, parce qu'il n'a pas de tombe et personne pour porter son deuil, Yang Feï erre dans les limbes, qui ressemblent parfois à des paysages de ses souvenirs, y retrouve des gens qu'il a aimés ou juste croisés... Une occasion pour l'auteur de nous peindre un portrait grinçant, terrible et burlesque de la Chine d'aujourd'hui, sur fond de pauvreté, scandales sanitaires, dédales administratifs.

 

La grande force du Septième jour c'est cette profonde émotion qui habite les personnages et sourd jusqu'au lecteur. Amour paternel et filial, passion amoureuse, amitié profonde, ces liens authentiques et solides semblent handicaper chaque personnage dans sa carrière, son avenir, ses possibilités. Chacun ne sait qu'en faire, s'isole comme il le peut, et se retrouve au moment de sa mort à porter le deuil de lui-même, sans personne pour le pleurer. De ces drames humains naît une très grande tristesse, qui remue le lecteur au fond du ventre.

 

Aux tragédies individuelles se superposent les tragédies collectives (incendie d'un centre commercial, violences policières, scandale sanitaire, etc.) qui apportent curieusement un sursaut d'humour noir et de farce.

 

Les critiques en ligne s'abattirent sur notre ville comme un tapis de bombes et l'hôpital dut alors reconnaître sa faute. La direction voulut bien admettre que les déchets médicaux n'avaient pas été traités correctement, et elle annonça que des sanctions avaient été prises à l'encontre des responsables. L'insistance de l'hôpital à traiter les bébés de déchets médicaux provoqua la fureur des internautes, et un nouveau déferlement de bombes, encore plus massif que le précédent, obligea le porte-parole de la mairie à sortir de son mutisme. Il promit que la mairie trouverait une solution appropriée pour ces vingt-sept déchets médicaux, qu'elle les traiterait de façon humaine, et qu'une fois incinérés, ils seraient enterrés.

 

Comme à son habitude, Yu Hua mêle un fantastique poétique (la très belle scène du départ de Souricette) à une critique sociale grinçante et une tranche vie (ou de mort) extrêmement touchante.