Les fleurs du karma
17/02/2013 Coups de coeur
Laïka Orbit n'est pas une joueuse de runaway. Elle a eu un nom, un jour, mais elle l'a perdu, comme la plupart de ses souvenirs. Dans une Amérique étrange et linéaire, thunée sur radio Karma et son Little big Ohm, Laïka Orbit court après son autre nom, et une autre réalité.
Kinky Baboosian est une enfant-fleur du Summer of love. Paumée, défoncée, libre. Affublée d'un petit bouddha boudeur, son fils sans nom et réprobateur, elle se consacre au sexe et au LSD. Surtout au sexe. Ou surtout au LSD.
Entre ces deux femmes en résonance, un mathématicien obsessionnel et génial. Ou juste fou. Moitié schizophrène, moitié sociopathe, moitié Asperger... et moitié mythomane pour faire bonne mesure ?
Les fleurs du Karma évoquent l'Amérique de la fin des années 60, l'espoir naïf et défoncé des enfants-fleurs, la spirale organisée vers les drogues dures et la violence, la fin de l'été. Entre Philip K. Dick et Tom Wolfe, Ubik et Acid Test, Tommaso Pincio écartèle ses personnages, dont on ne sait jamais trop s'ils fuient ou se cherchent, ce qu'ils fuient ou ce qu'ils cherchent.
Tommaso Pincio nous livre un récit magnifiquement dickien, jouant avec des réalités qui se chevauchent et résonnent, en un récit en trompe l'oeil, comme cet anneau qui tourne autour de lui-même, face A, face B. Et recréant surtout cette atmosphère particulière propre à Dick : un mélange presque kitsch de poussière et plastique, drogues et psychopathologies. Un très bel hommage et un superbe roman. Tout court.