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Orphelins de Dieu

Orphelins de Dieu

Orphelins de Dieu
de Marc BIANCARELLI
ed. ACTES SUD

Une tuerie !! (3)

Il faut qu'ils payent, dit-elle en baissant la voix, il faut qu'on les trouve et qu'ils payent pour le mal qu'ils ont fait. Si j'étais un homme je sais bien comment je ferais. Je les choperais, un après l'autre, je les attacherais à mon cheval, et je les traînerais dans les épineux pour les déchirer jusqu'aux os. Hélas je ne suis qu'une malheureuse, et les hommes de ma famille sont bien trop lâches pour venger mon pauvre frère.

Quatre hommes sont sortis du bois à cheval. Et parce que rien ne les en empêchait, ils ont mutilé un berger, lui coupant la langue et massacrant son visage.

Sa soeur, un petit bout de femme têtue et maigrichonne, s'en va trouver L'Infernu, dont l'aura sanglante luit encore malgré l'âge, la maladie et l'alcool. Une occasion rêvée pour lui de finir sur un baroud d'honneur et de réveiller sa jeunesse perdue pour impressionner la gamine.

Evoqué par un vieux loup sur le déclin, ce temps-là a le panache et la brutalité des épopées médiévales ou des westerns classiques. Car il fut une époque où les desperados avaient de l'honneur et la violence de ceux qui n'ont rien avait un sens. Ou peut-être que le temps a seulement enjolivé les choses, à force de broder la légende sur des corps qui pourrissent.

Marc Biancarelli emprunte au roman d'aventures, au western et au récit initiatique leurs éléments les plus classiques et les plus efficaces. Tuer pour un lancer de dés ou un regard de travers, voler du bétail, violer, se dissoudre dans la nuit. Traquer et être traqué. Dans un décor de bordels, auberges pouilleuses et montagnes arides, les soldats/rebelles/bandits oscillent entre le mythe et la boue.

Pas de "petit bijou" aux "phrases ciselées", ni même de "délicieux bonbon" ici, mais une pièce de viande sanglante, un roman brutal dont on sait dès le début qu'il finira mal.