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Poésies choisies

Poésies choisies

Poésies choisies
de W. H. AUDEN
ed. GALLIMARD

Très beau recueil couvrant l'essentiel des deux "périodes" (avant- et après-guerre) du poète de "Funeral Blues"...

Longtemps relativement peu connu en France, le poète anglais Wystan Hugh Auden a acquis une soudaine renommée suite au succès du film Quatre mariages et un enterrement en 1994, dans lequel Matthew (joué par John Hannah) réalise une poignante lecture du poème Funeral Blues devant le cercueil de son ami et amant Gareth (joué par Simon Callow).

Ce recueil de Poésies choisies, publié en 1968, parcourt presque toute sa carrière prolifique, des poèmes curieusement réalistes, sociaux, voire "techniciens" de son écriture d'avant-guerre, à l'époque de son engagement communisant, jusqu'à ceux d'après-guerre et aux plus tardifs, marqués notamment par sa conversion à la foi catholique et par son partiel rejet du monde et du séculier.

Une poésie d'une richesse nourrie de contrastes soudains, parfois brutaux, d'une ironie souvent cinglante, et d'une culture aux allures volontiers encyclopédiques.

Le contrôle des cols, il le voyait, était la clef
De ce nouveau secteur, mais qui pourrait s'en rendre maître ?
Lui, l'espion de métier, dupe des vieilles ruses,
Était tombé au piège dressé pour un faux guide.


Hors de portée du long bras de la Loi,
Près d'une route maritime,
Des pirates dans leurs repaires insulaires
Observent le code du pirate.


Même si les miroirs devaient lui être odieux pour quelque temps,
Femmes et livres lui apprendraient, avec l'âge,
L'esprit qui pare avec un style désinvolte
Pour tenir les silences à distance et enfermer
Ses manies d'ours en cage dans un sourire mondain.


Mais cet homme ira toujours
En dépit des gardiens, à travers les forêts,
Étranger pour les étrangers au-delà des mers jamais vides,
Demeures des poissons, l'eau qui suffoque,
Ou bien, seul comme un tarier sur la colline,
Près des ruisseaux troués de tourbillons,
L'oiseau hanteur des pierres, l'oiseau inquiet.


Avec une remarquable préface de Guy Goffette et une subtile introduction de Claude Guillot.