Le veilleur du jour
17/09/2011 Coups de coeur
Historiquement second tome du cycle des Contrées, paru en 1986, Le Veilleur du jour permet à Jacques Abeille de nous présenter l'autre facette déterminante de l’empire de Terrèbre : sa capitale, située dans le sud-ouest lointain des contrées des Jardins statuaires. À nouveau, un narrateur déraciné, récent immigrant dans cette métropole nourrie de la ville de Bordeaux familière à l’auteur, se voit assigner une étrange mission de « veilleur du jour » dans un édifice qui est beaucoup plus que ce qu’en indiquent les premières apparences… Intrigue amoureuse et érotisme, beaucoup plus marqués dans ce deuxième volume, rythment une trame qui se révèlera aussi au fond beaucoup plus politique qu’il ne semble, où la sombre guilde des Hôteliers et l’empire barbare que l’on avait vu en gestation jouent pleinement leur rôle…
Déroutant par moments, le cheminement est pourtant d’une sûreté implacable, pour une conclusion inattendue, résonnant avec celles du Rivage des Syrtes de Gracq ou du Désert des Tartares de Buzzati…
Le style précis et imagé d’Abeille se développe encore, prenant par moments des accents dignes du meilleur Saint-John Perse, et parfois un souffle de l’ironique érudition d’un Borges.
Et cette terrible phrase finale, annonçant à la fois Les Barbares et Les voyages du fils, tomes suivants qui emmenèneront le lecteur dans deux directions distinctes: « Les désastres qui s’ensuivirent appartiennent à l’histoire officielle de Terrèbre. On ne saurait en donner le détail, si vaste est un pays ravagé. »