Les jardins statuaires
15/09/2011 Coups de coeur
Entrer dans l'univers des Jardins statuaires, c'est entreprendre un riche et grand voyage. Depuis 1982, Jacques Abeille a développé, roman après roman, une véritable épopée singulière, où de nombreuses trames s'entrecroisent, associant fondamentalement un cadre "urbain", celui de Terrèbre, capitale de l'empire du même nom, où fourmillent intrigues, mystères, conspirations et affairismes divers, un cadre "campagnard", celui justement des jardins statuaires, où l'on maintient l'art immémorial de la culture maraîchère des... statues !, et un cadre "sauvage" enfin, celui des steppes où rôdent d'insondables barbares, convoitant peut-être les terres de l'empire.
Le roman Les jardins statuaires est la pierre fondatrice de ce cycle foisonnant, où personnages et phrases nous emmènent dans un ailleurs aux légères touches fantastiques, où l'on côtoierait tour à tour les intrigues du Ernst Jünger de Sur les falaises de marbre ou d'Abeilles de verre, les touches finement mélancoliques du Julien Gracq du Rivage des Syrtes, ou encore les flamboyances de la prose poétique du Saint-John Perse d'Anabase ou de Vents.
Une lecture enthousiasmante qui donne immédiatement envie de s'immerger, aux côtés des mystérieux narrateurs, souvent eux-mêmes désemparés face à l'inconnu, dans l'ensemble de ce cycle d'une qualité magique... À poursuivre donc, avec Les Barbares et La Barbarie, dans les somptueuses réalisations qu'en offre désormais l'éditeur Attila, et avec Le veilleur du jour et Les voyages du fils, dans l'édition plus ancienne mais tout à fait correcte qu'en propose Ginkgo Éditeur.
[ ... et Charybde 5 approuve. ]