Charybde 2 a un blog !
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Emmanuel Ruben part avec sa seule plume à la recherche de son grand-père, juif pied-noir, matelot inconnu, homme parti trop tôt d’un seul coup de feu – PAN, à bout portant – et qui fit de lui un étranger à jamais.
Malgré l’absence de traces de la vie de cet homme, Emmanuel Ruben refuse la fiction ; il ne veut pas inventer la vie de son grand-père, mais le faire sortir de la nuit et du songe.
«Tu ne seras pas non plus l’alibi d’un roman. Tu n’as pas laissé suffisamment d’indices derrière toi pour que puisse s’élever à la place d’une tombe introuvable ce genre d’échafaudage amidonné.»
Alors il puise dans une mémoire noire, et dans le parcours et les mots de son contemporain Albert Camus, pour tracer son ombre sur le papier. Sur les lambeaux de cette vie inachevée, avec en filigrane les livres de Camus, il évoque la vie et l’Algérie de légende du grand-père, marquée par l’intime – la disparition de sa mère – et par la grande histoire, elle aussi si souvent oubliée : la misère du peuple algérien en 1945, les massacres de Sétif et de Guelma, ville natale de son aïeul, et les tourments de la guerre d’Algérie, superbement évoqués par un homme qui n’a pourtant jamais vu Alger.
Ce texte extraordinaire est un envol dès les premières phrases, ce que peut la littérature quand, sur le terreau d’un grand classicisme, elle emmène le lecteur en territoire inconnu. Ainsi, Emmanuel Ruben éclaire les bordures du noir, et nous livre un texte magnifique, né de cette souffrance et de cette histoire qui ne pouvaient pas être dites mais simplement écrites.
«J\'imagine, oui, si tu étais communiste ou compagnon de route, que tu devais en avoir assez de cette Troisième République qui n\'était pas celle de tes ancêtres berbères ou livournais. Et j\'imagine que tu ne regrettas guère la disparition de cette Troisième République revancharde et barbichue, née sur un massacre, bâtie sur le dos des coolies, défendue sur toutes les mers, cannoneuse de l\'Amman et du Tonkin, maniant le sabre et le goupillon, mais qui se saignerait bientôt devant Verdun et finirait par se suicider à 569 voix contre 80 devant Pétain. Non, je m’égare. Mettons que tu versais des larmes sur le sort de cette Troisième République, lorsque te parvenaient via les ondes courtes des nouvelles de la Quatrième, qui était revancharde elle aussi, et versatile, et va-t-en-guerre. Seulement tu n’as pas eu le temps d’assister au suicide prématuré de celle-ci, et j’imagine que la Cinquième, que tu n’as pas vu naître, et qui ne veut pas mourir, et qui guerroie encore, tu la maudirais tout autant, si tu savais comme elle peine à reconnaitre les crimes des précédentes.»
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«Enfant, quand je faisais référence à toi dans les histoires que j’inventais pour me tenir compagnie, je ne disais jamais maman, ni ma mère, mais bien plutôt nos mères. Comme si j’étais plusieurs enfants et toi plusieurs mères à la fois, et comme si tout ce que je souhaitais finalement c’était ça : diluer nos souffrances en fragmentant nos vies.»
C’est au Proche-Orient, sans doute au Liban, au milieu de la guerre. Le père a été tué, le grand-père dépérit, et la mère fait ce qu’elle peut, pour vivre malgré cette perte, malgré le désespoir et le chaos. Pour protéger son fils Jean, pour pouvoir travailler, au loin dans la grande ville sur les bords de la Méditerranée, elle l’enferme au grenier, dans cette maison de village au sommet d’une montagne.
Alors l’enfant se parle et se raccroche aux mots, il s’invente une fratrie pour garder la raison, se dédouble en Charbel, en Moukhtar, Tarek, Pierre et Abdel Salam, cependant que sa mère le recouvre d’amour, de baisers, de folie et de nuit noire. Et l’enfant créateur, bien plus fort que l’adulte, imagine aussi Luc, une petite fille triste et magnifique, pour surmonter la douleur et partager l’amour.
«Nos mères ont des soucis terribles, le cœur brisé en deux parties de deuil, broyé, envolé dans les odeurs pistache propres à ce pays dont les habitants disent qu’il est le plus beau du monde, et la guerre n’y change rien. Elles ont le cœur perdu, nos mères, dans les odeurs de pain au sésame et au thym, dans les essences de rose et la fleur d’oranger, écrasé leur bon cœur, en bouillie, en tas, déclassé sous le balcon de couleur des maisons de la ville.»
Finalement l’enfant sortira du grenier, et la démultiplication de la mère deviendra réelle lorsqu’il partira en Europe, pour y être adopté. «Nos mères» est un texte qu’on a envie de lire à voix haute, au-delà de barrières, devenues sans objet, entre roman, poésie et théâtre, pour entendre cette écriture radicale d’une force incroyable, son mouvement et ses voix qui affluent comme des vagues de mots. Et d’une mère à l’autre, Antoine Wauters arrive à transmettre l’indicible, l’obsession de la guerre, la dévastation intime et la force d’un enfant.
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Huit nouvelles sont réunies dans ce recueil paru en cet automne 2013, huit ans après «Singe savant tabassé par deux clowns» (2005, et 2013 chez Zulma).
Autour de vies ordinaires, parfois précaires, souvent à proximité d’une brocante ou d’un marché aux Puces, tant les objets semblent ici vivants ou chargés d’émotions, Georges-Olivier Châteaureynaud nous conte des moments mystérieux de la vie où l’étrange apparaît, comme les mémoires de cet homme qui a eu par trois fois la chance de s’envoler (Les intermittences d’Icare).
«C’est là que c’est arrivé, un jour d’été semblable aux autres. L’était-il vraiment ? Plus tard, j’y ai réfléchi, j’ai retourné le tiroir de mes souvenirs, j’ai tenté d’en trier le fatras. Je n’ai rien trouvé qui mérite d’être associé au prodige. Pas un signe annonciateur, aucun rêve prémonitoire, nulle concomitance. C’est venu comme ça. Mais faut-il une cause aux miracles ? Un instant j’étais soumis au joug de la pesanteur, et l’instant d’après j’en étais libéré. Une seconde mes pieds nus s’enfonçaient dans le sable grossier, et la suivante ils en étaient dégagés et flottaient une dizaine de centimètres au-dessus de leurs empreintes.»
Georges-Olivier Châteaureynaud écrit ses nouvelles au fil des années. Empreintes de nostalgie, elles racontent les détours et retours insolites de la vie ou bien leurs ultimes feux d’artifice, comme dans «Diorama», où M. Benjoin, artisan fabricant de figurines, revient vivre sur le tard dans un appartement hérité de sa mère, au sommet d’une tour aux portes de Paris, sur une place où trône bizarrement un manège abandonné. Lors de ses insomnies, il croit reconnaître dans les silhouettes traversant la place, des personnes qui ont compté autrefois.
Pas de frisson de peur dans ce fantastique-là mais des créatures animales inquiétantes traversent ses nouvelles, comme dans «Escargot, pie, furet», les nuits perturbées et étranges d’un petit professeur, habitant dans une chambre de bonne, après l’installation dans une chambre voisine d’un prestidigitateur de seconde zone et de son assistante, ou encore dans la très belle «Une route poudreuse», le séjour d’un conférencier qui se rend dans une petite ville, talonné dans les rues par deux lionnes superbes et menaçantes.
«Qu’on n’aille pas s’imaginer que j’écris pour être cru. Je m’en moque, rendu où je suis de ma vie.» (Les intermittences d’Icare).
Et pourtant ces moments de magie nostalgique nous relient à la vie et au passage du temps.
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Publié en janvier 2014 chez Inculte, ce nouveau texte d’Emmanuel Adély, encore une fois caractéristique de son écriture en flux de conscience génialement logorrhéique, s’attaque aux pensées qui germent, foisonnent et s’entrechoquent au creux ombré des cerveaux de soldats contemporains à la fois bien particuliers et potentiellement emblématiques, ceux des deux escouades de forces spéciales américaines qui réalisèrent en mai 2011 le raid héliporté sur Abottabad, la capture et l’exécution d’Oussama Ben Laden.
On pourra trouver ce flot puissant et terrible, issu d’une vingtaine de cerveaux et de moelles épinières militaires, excessif, emporté, et chargeant sauvagement sabre au clair, si on le compare aux images ô combien plus policées qui furent jadis celles des unités d’élite du type GIGN en France, ou, pour rester aux États-Unis, du type SEALS des années 80, souvent cités pour leur relatif "intellectualisme" et leur indéniable équilibre psychologique et nerveux. Cet excès apparent ne relève toutefois pas de la caricature anti-militariste, mais du signal sociétal fort et clair : là aussi, le monde a changé.
Ces monologues intérieurs à peine conscients, gorgés de testostérone, de christian metal, de clips de gangsta rap ou de bribes de productions hollywoodiennes à grand spectacle, fournissent en réalité la bande-son intérieure, précisément, des images, colportées à longueur d’écrans, du triomphant guerrier impérial contemporain, gardien du Bien évidemment, mais aussi et peut-être surtout, héros de clips, de films et de jeux vidéo. Noyant le fait guerrier sous cet arsenal de décibels et de fragments visuels à haute intensité, les soldats eux-mêmes se sont appropriés l’imagerie propagée sur eux, et la culture dans laquelle ils baignent avec ravissement, toute d’obsession sexuelle, de surpuissance machiste et de haine toujours justifiable et justifiée, autorisant ce miracle de "self-righteousness" jusque dans le viol et l’assassinat.
Le texte d’Emmanuel Adély enregistre la victoire du mythe impérial populaire américain sur la réalité, comme l’avaient fait à l’écran le "Démineurs" de Kathryn Bigelow, après les points d’interrogation semés sans doute, mais aussitôt intégrés et assimilés dans le mental officiel, par "La chute du faucon noir" de Ridley Scott (comme le mentionne d’ailleurs l’un des protagonistes). C’est aussi qu’entre les moments saisis par Francis Ford Coppola en 1979 (le concert offert à la soldatesque droguée et défaitiste dans "Apocalypse Now") et par Sam Mendes en 2005 (la terrifiante scène de "décompression de l’attente" dans "Jarhead", sur les airs de "Gonna Make You Sweat" et de "Mambo Sun"), l’Amérique a vécu l’introspection, la honte mal assumée, la prise d’otages de son ambassade iranienne, certes, mais aussi le reaganisme, le démantèlement social et le renforcement de la culture du "chacun pour soi, la tête et le sexe hauts", qui domine nettement désormais.
Sous son air résolument sauvage et déjanté, sous cette approche "Take no prisoners" (pun totalement intended), Emmanuel Adély nous donne probablement à lire le texte de fiction le plus cinématographique et le plus sombrement réaliste de la guerre impériale contemporaine et de ses terrifiantes ramifications psychologiques.
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Ilya Petchonkine, fils de l'oligarque Vladimir Ivanovitch Petchonkine, revient en Russie dans sa ville natale, Pridonsk, après six ans d'études dans une école huppée de Suisse.
Comment Vladimir Petchonkine, autodidacte grossier, qui n'écoute personne, et qui a réussi à mettre la main sur tout Pridonsk, a-t-il pu engendrer un tel fils, qui rêve de rétablir le communisme dans un pays qui n'a plus d'idéologie ?
«Je dois te dire quelque chose, tu vas être triste mais je te le dirai quand même, commença Vladimir Ivanovitch d'une voix vigoureuse et décidée. Ici, il n'y a ni communistes, ni démocrates ! Au Kremlin, quand on m'a décerné le prix du "chevalier du business russe", tu sais ce que je leur ai dit : "On n'est ni blanc ni rouge, on est de Pridonsk !" Cinq minutes d'applaudissements, d'ovations même !»
Totalement burlesque au départ, depuis la Rolls Royce rose et les gardes du corps qui attendent Ilya à l'aéroport, la conversation des parents assis sur un banc étroit qui regardent leur fils dormir comme s'il n'avait que quelques mois, la fierté du père Petchonkine pour les connaissances en latin de son fils, «Le dernier communiste» prend ensuite une tournure plus pathétique.
A la suite de ce que le fils va oser pour renverser le pouvoir de son père et rétablir le communisme, les proches et les hommes de main de l'oligarque vont faire leur coming-out, et tout va s'effondrer comme un château de cartes.
«Il est ... terrible ! continua Pribylovski d'une voix à peine audible. Il porte sous sa veste un Beretta à vingt coups, mange du poisson avec les mains et les essuie sur le tapis, sur lequel il s'allonge pendant les repas.»
Ponctué de références aux classiques de la littérature russe, « Le dernier communiste » prolonge cette idée qu'il y a un don des auteurs russes pour déranger et attirer, pour l'invention et pour dire de façon indirecte, par le loufoque et l'absurde.
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Virtuose de l’assemblage des mots, Claro invente un genre nouveau, le comique dépressif et hilarant. Pas la peine d’en parler beaucoup ici, le verbe de Claro est juste irrésistible, le mieux c’est de le citer…
Juste quelques mots de contexte sur le personnage central, une sorte d'antihéros passé au laminoir : Frédéric Léger occupe la fonction indigne de correcteur pour les pathétiques éditions en livres de management fumeux CTI (de la Convivialité Transactionnelle Interpreneriale).
«11h05… Il me reste encore quatre-vingt-neuf pages à écoper et, ostensiblement, l’auteur, l’éditeur et l’imprimeur ont du fêter ensemble quelque réforme de l’orthographe inconnue de nous autres, les travailleurs de l’ombre, les fossoyeurs d’alinéa, les bourreaux de la virgule, les sodomiseurs de muscidés, les… les payés-au-signe.»
Il est aussi "négociant en pathos", ayant le crâne encombré d’un "noir compost mental", affligé, tout comme le jeune Werther, d’un attachement aussi douloureux qu’inutile pour son ex-femme Agnès.
«Il faut dire que je suis fait d’un alliage particulier, à base de boue, de gravier, de cœurs d’artichaut et de ficelles de rôti. Un vrai arcimboldo de pacotille.»
Dans ce contexte minable, notre antihéros (parce que vite, on s'attache à ce ver de terre parisien perclus de doutes) se retrouve, à cause d’un jeu d’épreuves qu’il devait corriger et à son corps défendant, brutalement molesté et impliqué jusqu’au cou dans une intrigue politique puante aux relents néo-nazis.
«Coups de bottes, gifles exécutées avec le poing fermé, quolibets vexatoires. Bref, l’atteinte aux droits de l’homme dans tout ce qu’elle a d’irréversible. L’espace d’une mandale, je faillis protester, mais il m’aurait fallu pour cela recouvrer l’usage de la parole, lequel est largement tributaire d’un bon fonctionnement des maxillaires et des cavités respiratoires. Or j’avais tout d’un aspirateur Hoover à la von Stroheim. Esthétique mais inopérant.»
Claro sait donc tout faire ! Je n’ai rien de plus à dire, si ce n’est, lisez-le : vous rirez.
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Publié en 2012, traduit en français en janvier 2014 par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic chez Actes Sud, le sixième roman de Javier Cercas reste fidèle à une méthode que, dans ses grandes lignes, il s’est donnée dès "Les soldats de Salamine" en 2001, mais la pousse cette fois, pour notre bonheur de lecteur, à une puissance et une cohérence qu’il n’avait pas encore atteintes jusqu’ici.
Pour écrire le roman qu’il a en tête – et dont à nouveau le "making of", la quête de la littérature en train de se faire, avec ses doutes et ses questions en suspens, est ce que le lecteur a in fine sous les yeux -, un écrivain interroge longuement un témoin-clé de la vie de Zarco, braqueur devenu en une quinzaine d’années une icône médiatique à part entière. Cette source, tout sauf anodine, est au véritable cœur du récit, puisqu’Ignacio, avocat pénaliste de renom, en charge des ultimes demandes de liberté conditionnelle du grand bandit, fut vingt ans plus tôt, au cours d’un – pour lui, mais peut-être pas uniquement pour lui – mythique "été 1978", un adolescent petit-bourgeois de Gérone, entraîné durant quelques semaines, par le charisme de Zarco mais peut-être plus encore par les yeux rieurs et la bouche habile de la belle Tere, dans la brutale escalade de délinquance d’une bande de jeunes issus des bas quartiers de la ville catalane.
Confronté en un patient contrepoint de romancier amassant sa documentation aux souvenirs d’un policier ayant conduit l’enquête à l’époque du crime primitif du grand braqueur et au témoignage d’un directeur de prison ayant dû plus récemment "gérer" l’encombrant personnage qu’est devenu Zarco au fil des évasions, des internements en haute sécurité et des remises de peine aussitôt mises à profit pour replonger, Ignacio se livre à un récit en spirale, où il découvre lui-même, auprès de cet auteur prenant alors des allures de psychanalyste, certaines bribes de réalité longtemps ignorées, cachées ou mal comprises, en apprenant ainsi, fort logiquement, davantage sur lui-même que sur Zarco ou Tere, qui ont accompagné et accompagnent mentalement toute sa vie depuis cet intense été fondateur.
Javier Cercas maîtrise de bout en bout les détails, petits et grands, qui environnent et nourrissent son diable de roman : horizons sociaux bouchés, bars mal famés, ségrégation sociale et spéculation immobilière poussées jusqu’à l’absurde cauchemardesque, système policier gangrené, organisation judiciaire à bout de souffle, mais aussi palinodies des médias, engouements inconséquents des bien-pensants, pulsions de célébrité de tout un chacun, orgueils et peurs intimes qui minent les êtres – tous les éléments de ce décor contribuent à donner le sens du récit et des personnages, sans pouvoir, à aucun moment, les y réduire ou épuiser.
Jusqu’au bout du récit, jusqu’aux révélations, aux erreurs coupables, aux malentendus insolvables, aux questions sans réponse finale, Javier Cercas nous donne un roman intense, poignant, qui, à l’instar de ses travaux précédents, prend autant de plaisir et de talent à miner en leur centre des mythes – le romantisme social du braqueur au grand cœur, dans ses variantes espagnoles comme dans ses archétypes hollywoodiens, ici, après s’en être pris au romantisme nietzschéen de la droite franquiste et aux poncifs du combat dévoyé dans "Les soldats de Salamine" – qu’à guider pas à pas un être humain qui se révèle à lui-même, élaborant enfin des certitudes tout en acceptant ses doutes essentiels – et sans le secours maïeutique de l’emblématique Roberto Bolaño, cette fois.
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